L’avion de combat F-35A serait en ballotage favorable en Finlande

Élaboré en 2015, le programme HX vise à remplacer les 55 F/A-18 Hornet de la force aérienne finlandaise par 64 nouveaux avions de combat d’ici 2030, pour un montant de 7 à 10 milliards d’euros. Cinq industriels ont remis des propositions dans le cadre de l’appel d’offres lancé à cette fin par Helsinki, dont le français Dassault Aviation [Rafale F4], le consortium Eurofighter [Typhoon], le suédois Saab [JAS-39 Gipen E/F, avec en prime deux avions d’alerte avancée GlobalEye] et les américains Boeing [F/A-18 Super Hornet et E/A-18 Growler] et Lockheed-Martin [F-35A].

Les différents appareils proposés ont été évalués par la force aérienne finlandaise en janvier et février 2020, à l’occasion du « HX Challenge ». Il s’agissait alors de vérifier si leurs performances étaient conformes à l’environnement opérationnel – exigeant – dans lequel ils seraient éventuellement amenés à évoluer. Des missions de supériorité aérienne, de renseignement, de frappe et de guerre électronique avaient été mises au programme.

À en croire les confidences faites à la presse par Lauri Puranen, le chef des projets stratégiques du ministère finlandais de la Défense, certains candidats ne se montrèrent pas à leur avantage durant ce HX Challenge. « Les essais ont montré que toutes les spécifications promises par les fabricants n’avaient pas été respectées. […] Il y aura toujours des surprises, mais on savait que certains appareils présenteraient des lacunes », avait-il dit.

Tel était le cas du Gripen E/F, qui, selon M Puranen, avait alors « plus de chemin à faire » que les autres « pour se mettre au niveau des exigences exprimées ». Mais aussi celui du F-35A. Sur les quatre appareils devant participer au HX Challenge, seulement deux arrivèrent finalement en Finlande, accompagnés par deux avions de transport C-17, avec tout le matériel nécessaire à leur soutien durant une semaine.

« Aucun des autres concurrents n’avait une telle empreinte [logistique] », notèrent des médias finlandais alors cités par Aviation Week. Ce ne pouvait pas être un bon point pour le critère « facilité d’utilisation en temps de paix comme en temps de guerre », avaient-il estimé, les quatre autres étant « les capacités de combat », « l’interopérabilité » et des coûts d’exploitation pouvant être supportés par le budget de la Défense finlandais, c’est à dire qu’ils doivent pas dépasser les 250 millions d’euros par an.

L’annonce du résultat de cet appel d’offres ne devrait plus trop tarder. En effet, le groupe d’évaluation de la force aérienne finlandaise a remis ses évaluations au gouvernement. Et, d’après le quotidien Iltalehti, qui cite des sources anonymes « proches du dossier », le F-35 serait en ballotage favorable. Les performances et les perspectives de maintien en service [au moins jusqu’en 2060] de l’avion de Lockheed-Martin feraient pencher la balance en sa faveur. « Le ministère et la direction de la politique étrangère et de sécurité soutiennent la proposition des experts », assure le journal.

Cela étant, favorable au renforcement de l’Europe de la defense, le ministre de la Défense, Antti Kaikkonen, a confirmé qu’une proposition avait été remise au gouvernement… mais il n’a rien voulu dire au sujet de l’appareil qui serait arrivé en tête des évalutions, alors qu’il était interrogé sur le programme HX par Yle, la radio-télévision publique finlandaise.

« Je suis parti du postulat qu’il doit y avoir une concurrence loyale. Quatre pays ont été sélectionnés ici et il a été considéré dès le départ qu’ils étaient tous de bons partenaires pour nous et que les avions peuvent être achetés à n’importe quel d’entre-eux. Bien entendu, le gouvernement peut avoir des considérations en matière de politique étrangère et de sécurité », a expliqué M. Kaikkonen.

Pour rappel, la Finlande est membre de l’Union européenne, mais pas de l’Otan. Et le choix qu’elle s’apprête à faire pour moderniser son aviation de combat sera interprété comme une décision de politique étrangère.

Ainsi, la sélection du Gripen E/F signifierait qu’Helsinki a l’intention de renforcer sa coopération avec la Suède, ce qui serait logique étant donné que ces deux pays sont peu ou prou confrontés aux mêmes défis et menaces. Un choix en faveur du Typhoon ou du Rafale serait marquerait la volonté de la Finlande de renforcer effectivement l’Europe de la défense.

Enfin, l’achat du F/A-18 Super Hornet s’inscrirait dans la continuité… alors que celui du F-35A permettrait sans doute d’accroître les relations de la Finlande avec le Danemark et la Norvège [qui en sont dotés] et donc avec l’Otan [et, plus largement, les États-Unis].

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