Particulièrement sophistiquée, la dernière arme hypersonique testée par la Chine intrigue le Pentagone

En octobre, citant des sources du renseignement américain le Financial Times a révélé que, durant l’été, la Chine avait testé un planeur orbital hypersonique, potentiellement à capacité nucléaire, susceptible de déjouer les dispositifs d’alerte avancée et de défense antimissile.

Plus précisément, la Chine chercherait ainsi à se doter d’un « système de bombardement orbital fractionné », comme l’Union soviétique qui, lors de la Guerre Froide, avait imaginé de mettre sur orbite une arme nucléaire grâce à un missile balistique RS-36 modifié, afin de prendre à revers les radars américains.

D’après le quotidien britannique, ce planeur hypersonique chinois aurait donc fait le tour de la Terre en orbite basse, avant de se diriger vers une cible située en Chine. Cible qu’il aurait manqué de plus de 30 km.

Par la suite, la diplomatie chinoise a démenti de telles affirmations, assurant avoir effectué un « test de routine destiné à évaluer la technologie de véhicule spatial réutilisable pour une utilisation pacifique de l’espace » et non celui d’un planeur hypersonique comme l’a avancé le Financial Times. À noter que, sur ce point, la Chine, à l’instar des États-Unis avec le X-37B, développe un drone spatial réutilisable, à savoir le Chongfu Shiyong Shiyan Hangtian Qi [CSSHQ], lequel a effectué un premier vol de deux jours en septembre 2020.

Quoi qu’il en soit, la société d’État CASC [China Aerospace Science and Technology Corporation] a bel et bien indiqué avoir procédé à l’essai d’un avion suborbital, le 16 juillet. Mais celui-ci n’avait rien à voir avec celui décrit par le journal britannique.

Et, confirmant en partie les informations de ce dernier, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a fait part de ses préoccupations au sujet de ce planeur orbital chinois. « Ce à quoi nous avons assisté, c’est […] un test très significatif d’un système d’armement hypersonique », a-t-il dit auprès de l’agence Bloomberg. Et d’ajouter, dans une allusion à la surprise suscitée par la mise sur orbite du premier satellite par l’Union soviétique en 1957 : « Je ne sais pas si c’est exactement comme Spoutnik mais je pense que c’en est très proche ».

Plus tard, dans un entretien donné à CBS, le général John Hyten, le numéro deux de l’état-major américain, a également confirmé les détails révélés par le Financial Times, en soulignant que Pékin cherche à se doter d’une capacité de première frappe qui serait imparable. « Au cours des cinq dernières années, la Chine a effectué des centaines de tests hypersoniques, tandis que les États-Unis n’en ont effectué que neuf. Elle a déjà déployé une arme hypersonique à moyenne portée, tandis que les États-Unis sont encore à quelques années de la mise en service de leur première », a-t-il expliqué.

Cela étant, ce test d’un planeur orbital hypersonique, effectué, apparemment, le 27 juillet, n’a pas encore livré tous ses secrets. En effet, le Financial Times a livré d’autres détails qui, jusqu’alors, n’avaient pas encore été évoqués.

Ainsi, celui-ci aurait impliqué une « manoeuvre sophistiquée pendant laquelle un projectile a été libéré de l’arme hypersonique en plein vol ». Ce qui a été confirmé par le Wall Street Journal, selon qui cela « montre que les capacités de la Chine sont supérieures à ce qui était connu jusqu’ici ».

En tout cas, les experts de la DARPA, l’agence de recherche du Pentagone, se perdent en conjectures. Ainsi, ils n’expliquent pas comment la Chine a pu réussir « à tirer un projectile d’un véhicule volant à une vitesse hypersonique ». L’objet en question, dont on ignore la fonction exacte, s’est ensuite abîmé en mer de Chine méridionale.

Quoi qu’il en soit, un engin orbital [ou suborbital] capable de libérer une charge utile rappelle le concept de « bombardier spatial », imaginé par l’ingénieur allemand Eugen Sänger à la fin des années 1930. Celui-ci devait reposer sur le « Silbervogel« , sorte d’avion censé atteindre 145 km d’altitude et parcourir la distance le séparant de sa cible en « rebondissant » sur l’atmosphère. Ce qui lui aurait permis d’avoir un rayon d’action de près de 25’000 km. Évidemment, ce projet ne vit jamais le jour… Cependant, il inspira le programme américain X-20 Dyna-Soar qui, confié à Boeing à la fin des années 1950, fut abandonné officiellement en 1963.

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