Boeing confirme l’intérêt de Berlin pour l’hélicoptère d’attaque AH-64 Apache… aux dépens du Tigre MK3

En Allemagne, Boeing a actuellement plusieurs fers au feu. Ainsi, l’industriel américain est en lice pour fournir à la Bundeswehr au moins 40 hélicoptères de transport lourd [HTL] dans le cadre du programme Schwerer Transporthubschrauber [STH], lequel a été relancé en janvier après avoir été annulé quelques mois plus tôt. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à une procédure judiciaire lancée par Lockheed-Martin [également candidat avec le CH-53K King Stallion] et dont l’issue devrait être connue le 24 novembre prochain.

Par ailleurs, Boeing attend également le feu vert à la commande de 45 avions de combat F/A-18 Super Hornet [et E/A-18 Growler] pour remplacer les Panavia Tornado de la Luftwaffe. Pour rappel, annoncée en avril 2020, cette commande n’a toujours pas été notifiée au constructeur américain, lequel attend la formation du nouveau gouvernement allemand issu de la majorité sortie des urnes en septembre dernier pour aller de l’avant dans ce dossier.

Une autre affaire qui est bouclée est celle concernant l’acquisition de cinq avions de patrouille maritime P-8A Poseidon afin de remplacer les P-3C Orion de la Deutsche Marine… sans attendre la concrétisation du programme MAWS [Maritime Airborne Warfare System], lancé en 2017 dans le cadre d’une coopération franco-allemande. Programme mis en péril par la décision de Berlin de se tourner vers Boeing, étant donné que la solution retenue n’aura rien de provisoire….

Mais une autre coopération bat de l’aile : la modernisation à mi-vie de l’hélicoptère d’attaque Tigre, lequel doit être porté au standard Mk3. Cette opération, d’un coût estimé à 5,5 milliards d’euros, vise à traiter les obsolescences de cet appareil, tout en le dotant de nouvelles capacités, notamment en matière de combat collaboratif. Si la France et l’Espagne ont bien l’intention de conduire ce programme, ce n’est pas le cas de l’Allemagne.

Ainsi, déplorant une disponibilité trop faible de ses Tigre, la Bundeswehr chercherait à se doter d’un autre type d’hélicoptère… Et, depuis quelques mois, il est dit qu’elle serait tentée par une solution américaine, en particulier par l’AH-64 Apache. Ce que vient de confirmer Boeing, selon le journaliste spécialisé Gareth Jennings, qui a fait état, via Twitter, de quelques « informations intéressantes » obtenues auprès de l’industriel américain, avant la conférence de Berlin sur la sécurité [qui aura lieu les 24 et 25 novembre].

Ainsi, Boeing a confirmé a avoir reçu, de la part du gouvernement allemand, une demande d’informations [RFI – Request for Information, ndlr] au sujet de l’AH-64 Apache. Et qu’il y a répondu avant la crise de la covid-19. Et d’ajouter qu’il attend la prochaine étape, qui concernerait peut-être l’Apache… voire « autre chose ». Et cet « autre chose » pourrait-il être le concept d’hélicoptère que Boeing avait proposé pour le programme FARA [Future Attack Reconnaissance Aircraft] de l’US Army?

Quoi qu’il en soit, le retrait de l’Allemagne du programme Tigre Mk3 ne sera pas sans conséquences sur l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], qui serait obligée de revoir à la baisse le nombre d’appareils à moderniser… ou à redéfinir un standard moins ambitieux que prévu. Et il pourrait également concerner le programme HIL [hélicoptèe interarmées léger – Guépard], une partie de l’avionique devant être commune.

« À ce stade, la participation des Allemands à la rénovation au standard III du Tigre n’est pas assurée. La France envisage désormais un partenariat avec l’Espagne sur un périmètre de rénovation et un volume d’appareils à déterminer, une partie des moyens prévus pour leur rénovation ayant disparu avec le retrait allemand. Le sous-chef Plans – programme a par ailleurs souligné l’importance revêtue par le standard III du Tigre, une partie de l’avionique étant aussi utilisée pour le futur hélicoptère interarmées léger », a en effet expliqué la députée Sereine Mauborgne, dans son dernier avis budgétaire concernant les forces terrestres.

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