La Marine nationale veut avoir la capacité d’aveugler des satellites d’observation durant un conflit

En juillet, la ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué qu’une arme laser – dérivée du système Helma-P, développé par CILAS – serait expérimentée à bord de navire de la Marine nationale durant le premier semestre 2022. Ainsi, il s’agirait de renforcer la capacité de ces derniers à neutraliser les drones potentiellement hostiles. Mais tel n’est pas le seul intérêt des lasers de puissance.

En tout cas, lors de sa dernière audition au Sénat, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a fait savoir qu’il avait demander une « accélération du calendrier » pour le développement de tels systèmes.

« Les lasers de puissance peuvent par exemple détruire des drones, ce qui peut permettre de faire des économies de munitions complexes et donc d’être attentif au rapport ‘price per shoot’ [coût ou prix par tir] », a-t-il commencé par rappeler, avant d’évoquer une autre application possible.

« Les lasers peuvent également être une arme de guerre spatiale opérée depuis les bateaux : ils peuvent ainsi aveugler des satellites d’observation pour assurer la dissimulation de forces navales en situation de conflit », a en effet indiqué le CEMM. « Une manoeuvre spatiale a ainsi été intégrée à l’exercice naval Cormoran », a-t-il ajouté.

Effectivement, aveugler un satellite d’observation au moyen d’un laser serait par exemple intéressant lors d’une opération amphibie ou des raids d’aérocombat. Tel était d’ailleurs le thème de l’exercice Cormoran, qui s’est déroulé en octobre, avec les porte-hélicoptères amphibies [PHA] Tonnerre et Mistral, les frégates Forbin et Provence, ainsi qu’avec une dizaine d’hélicoptères de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT].

Lors d’une précédente audition, cette fois à l’Assemblée nationale, l’amiral Vandier avait expliqué que les heures des raids effectués par les hélicoptères avaient été « calculées en fonction des fauchées des satellites français », le « défi » ayant été « d’opérer des raids indétectables pour nos propres satellites ». D’où l’intérêt de pouvoir « aveugler » de tels engins d’observation… « Le but est de pouvoir continuer à nous battre dans notre milieu en contrant les technologies déployées depuis l’espace », avait alors insisté le CEMM.

Un projet allant dans ce sens est d’ailleurs en cours. En effet, en 2019, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] a dit travailler sur une « technologie dite d’optique adaptative », laquelle doit permettre non pas de détruire un satellite… mais de « l’empêcher d’effectuer sa mission » en endommageant ses panneaux solaires ou en « pénétrant par ses fenêtres optiques pour l’éblouir ».

Plus généralement, pour l’amiral Vandier, l’évolution de la conflictualité en mer « oblige considérer l’intégralité du spectre » et donc à être « capable de maîtriser les fonds marins, les espaces sous-marins, la surface des mers, l’espace aéromaritime, l’espace exo-atmosphérique et l’espace numérique ».

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