Malgré le démenti de Madrid, Lockheed-Martin confirme l’intérêt de l’Espagne pour le F-35

La semaine passée, une porte-parole du ministère espagnol de la Défense a démenti des informations selon lesquelles Madrid envisagerait d’acquérir 50 avions de combat de 5e génération F-35 [dont 25 en version dite STOVL, c’est à dire à décollage court et à atterrissage vertical] afin de remplacer une partie des F/A-18 Hornet de l’Ejército del Aire et les AV-8 Harrier II de l’Armada Española.

Cet intérêt pour le F-35 prêté à Madrid venait de confidences faites par un « responsable » de Lockheed-Martin lors d’une session du Royal Institute of International Affairs [Chatham House] et reprises par IHS Jane’s et Aviation Week.

Si ces informations n’avaient pas été surprenantes pour le F-35B, seul appareil sur le marché pouvant remplacer les AV-8 Harrier II de l’aéronavale espagnole, il en allait en revanche tout autrement pour le F-35A, au regard de l’implication de l’Espagne dans le Système de combat aérien du futur [SCAF], conduit en coopération avec la France et l’Allemagne, et dans le consortium Eurofighter…

C’est d’ailleurs sous cet angle que la porte-parole du ministère espagnol de la Défense a répondu au sujet de cet intérêt pour l’avion de Lockheed-Martin. « L’Espagne n’a pas l’intention d’acheter d’avions de combat F-35 aux États-Unis et reste attachée au programme européen SCAF » et le « gouvernement espagnol n’a pas de budget pour s’engager dans un autre projet d’avion en plus de celui qui est déjà en cours », a-t-elle ainsi soutenu. Et d’insister : »Nous excluons d’entrer dans le projet F-35. Notre engagement d’investissement est dans le SCAF ».

Si on pouvait la croire s’agissant du F-35A, le doute était toutefois permis pour le F-35B, sauf à considérer un éventuel abandon des capacités aéronavales de la marine espagnole…

En tout cas, ce 16 novembre, et selon des propos tenus en marge du salon aéronautique de Dubaï et rapportés par Aviation Week, Greg Ulmer, vice-président exécutif de Lockheed-Martin, a confirmé que des discussions ont bel et bien lieu avec le gouvernement espagnol au sujet du F-35.

Les Espagnols « ont un porte-aéronefs et ils vont devoir remplacer leur Harrier. Donc, notre approche en Espagne passe vraiment par là », a expliqué M. Ulmer. « Nous leur parlons également du F-35A », a-t-il ajouté. « Malgré le démenti du ministère, Lockheed est toujours en pourparlers avec des responsables du gouvernement espagnol » a-t-il assuré. « Je comprends qu’ils ont publié une [déclaration] différente, mais nous continuons d’entendre de leur part qu’ils s’intéressent au F-35 », a-t-il insisté.

Quoi qu’il en soit, et au regard des difficultés du SCAF, actuelles [les négociations entre Dassault Aviation et les filiales allemande et espagnole d’Airbus s’éternisent encore, ndlr] et sans doute à venir, cet intérêt de Madrid pour le F-35 pourrait réveiller celui de Berlin, qui, pour assurer les missions nucléaires de l’Otan, a fait le choix du F/A-18 Super Hornet de Boeing… Le contrat n’a toujours pas été signé et on ignore encore les intentions de la future coalition gouvernementale allemande.

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