La marine chinoise envisage de détruire des ports adverses avec des charges sous-marines

Quand on parle de combat naval, on songe à un engagement entre deux flottilles ennemies en haute mer. Mais ce serait oublier que les ports peuvent également être visés, comme cela fut le cas, durant la Seconde Guerre Mondiale, à Mers el-Kébir ou à Pearl Harbor. Et l’idéal, pour la force assaillante, est de lancer une attaque quand la flotte adverse y est au mouillage.

Dans le cas de Pearl Harbor, le succès de l’attaque japonaise est à relativiser. D’une part parce que les porte-avions de l’US Navy ne s’y trouvaient pas au moment du raid. Raid qui toucha surtout de vieux bâtiments… En outre, les installations de la base américaine furent épargnées, ou peu endommagées. « Je crains que tout ce que nous avons réussi à faire est de réveiller un géant endormi et de le remplir d’une terrible résolution », aurait même dit l’amiral nippon Isoroku Yamamoto.

Cela étant, si les bases navales de l’adversaire sont mises hors d’état, alors celui-ci ne pourra qu’avoir de grandes difficultés pour faire réparer et ravitailler ses navires. Et c’est justement la tactique qu’entend visiblement appliquer la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL].

En effet, l’Académie de recherche navale chinoise a récemment procédé à un test ayant consisté à détruire le quai d’un port – non la localisation n’a pas été précisée – à l’aide de charges sous-marines.

« Les explosifs sous-marins ont explosé avec succès et ont complètement démoli le quai avec une puissante explosion », a rapporté la chaîne de télévision publique chinoise [CCTV].

Grâce aux capteurs qui avaient été préalablement installés sur l’infrastructure à détruire, plusieurs centaines de données ont été collectées afin de déterminer avec précision comment le quai a été démoli. « Cela fournira un appui scientifique pour attaquer des ports hostiles dans une vraie guerre », a expliqué CCTV.

Dans les colonnes du Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinoise [PCC], un expert militaire a relié cette expérience aux efforts de la marine américaine, lesquels consistent, dans la région Indo-Pacifique, à disperser ses forces afin de les rendre moins vulnérables à une éventuelle attaque chinoise. Et selon le concept d’opérations maritimes distribuées. Le revers de la médaille est que cela nécessite une importante logistique.

En effet, dans un tel contexte, les « bases navales et les ports sont des plaques tournantes […] car les navires de soutien logistique doivent fréquemment aller et venir entre eux et les lignes de front pour transporter des fournitures, y compris des munitions et du carburant. [Or] si nous sommes en mesure de provoquer […] des explosions sous-marines pour détruire ces ports, nous pourrons alors tuer le potentiel de guerre de l’ennemi », a expliqué le capitaine Zhao Pengduo, directeur adjoint de ce programme.

Cela étant, une autre application potentielle d’un tel projet serait par exemple de chercher à bloquer l’approvisionnement d’une région par voie maritime. En septembre, le port de Mokha, stratégique pour l’acheminement de l’aide humanitaire au Yémen, a ainsi été visé… Ou l’on peut encore imaginer qu’un tel mode opératoire permettrait d’empêcher le débarquement de renforts dans un pays victime d’une attaque. Mais il reste un détail à régler : poser les charges explosifs sur les installations à détruire, sans se faire remarquer. Sur ce point, l’APL n’a pas précisé comment elle compte s’y prendre.

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