Selon M. Biden, les États-Unis seraient prêts à intervenir militairement pour défendre Taïwan

Quand ils reconnurent officiellement la République populaire de Chine, en 1979, les États-Unis s’engagèrent à accepter le principe d’une « seule Chine » et donc à rompre leurs relations diplomatiques avec Taïwan, mais sans pour autant couper tous les ponts avec l’île, considérée par Pékin comme faisant partie de son territoire. Et cela grâce au « Taiwans Relation Act », lequel donne un cadre aux rapports entre Washington et Taipei. C’est d’ailleurs sur la base de ce texte que se fondent les ventes d’équipements militaires aux forces armées taïwanaises.

À peine élu à la Maison Blanche, en décembre 2016, le président Trump avait pris ses distances avec le concept de « Chine unique » en ayant un échange téléphonique avec Tsai Ing-wen, la présidente de Taïwan. « Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à la politique de la ‘Chine unique’, à moins que nous ne passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », avait-il ensuite dit, à l’antenne de Fox News.

Cela étant, et si son administration, contrairement à celle de son prédécesseur, n’hésita pas à autoriser Taïwan à acquérir de nombreux équipements militaires auprès de l’industrie américaine [F-16 Viper, missiles anti-navires, systèmes d’artillerie HIMARS, drones Sea Guardian, chars Abrams, etc], M. Trump se garda d’affirmer explicitement que les États-Unis interviendraient militairement pour défendre Taïwan.

Chose que son successeur, Joe Biden, ne s’est pas privé de faire, lors d’un échange avec des électeurs retransmis par CNN, le 21 octobre. Interrogé pour savoir si les États-Unis seraient prêts à défendre Taïwan en cas d’attaque de la Chine, il a répondu : « Oui, nous avons un engagement en ce sens ».

Et M. Biden a également assuré que les forces américaines seraient en mesure de répondre aux nouveaux armements chinois, comme, par exemple, les armes hypersoniques. « Ne vous inquiétez pas de savoir si… ils vont être plus puissants. La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde », a-t-il dit, avant de faire part de sa préoccupation sur l’éventualité que ces « compétiteurs » s’engagent dans « des activités ù ils feraient une sérieuse erreur ».

L’été dernier, durant un entretien accordé à la chaîne ABC, le locataire de la Maison Blanche avait évoqué un « engagement sacré » à défendre les alliés de l’Otan, comme « le Japon, la Corée du Sud et Taïwan ».

Cela étant, lors de son échange retransmis pas CNN, M. Biden a une nouvelle fois affirmé sa volonté de pas s’engager sur la voie d’une « guerre froide » avec la Chine. Plus tard, la Maison Blanche a affirmé que la politique de Taïwan n’avait « pas changé ». Comprenne qui pourra…

Quoi qu’il en soit, le ministère chinois des Affaires étrangères n’aura pas tardé à réagir aux propos de M. Biden, en appelant celui-ci à la « prudence ». Et de prévenir : « Sur les questions liées à ses intérêts fondamentaux, comme sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Chine ne laissera aucune place au compromis ».

Par ailleurs, lors d’une audition au Congrès, le même jour, Nicholas Burns, pressenti pour être le prochain ambassadeur des États-Unis en Chine, a tenu un discours plutôt offensif sur le dossier taïwanais, estimant qu’il ne fallait « pas faire confiance » à Pékin au sujet de Taïwan. Et d’aller plus loin encore en plaidant pour vendre « davantage d’armements » à Taipei pour renforcer ses défenses. Ce qui constitue un point de friction majeur entre les autorités chinoises et américaines… Mieux encore : il a également estimé que les incursions de l’Armée populaire de libération [APL] dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] taïwanaise sont « répréhensibles ».

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