Le missile anti-navire Blue Spear va constituer la « pierre angulaire » de la défense côtière de l’Estonie

Avec seulement trois dragueurs de mines, un navire auxiliaire et deux patrouilleurs légers dotés de deux mitrailleuses téléopérées de 12,7 mm, la marine estonienne ne dispose d’aucune capacité offensive. Mais cela devrait changer à l’avenir…

En effet, le 6 octobre, le Centre estonien de l’investissement pour la défense [ECDI] a fait savoir qu’il venait de retenir le missile anti-navire Blue Spear 5G SSM, proposé par Proteus Advanced System, une co-entreprise d’Israel Aerospace Industries et de ST Engineering Land Systems. Le contrat, dont le montant n’a pas été précisé, devrait impliquer des entreprises estoniennes du secteur de la défense.

Le renforcement de la défense côtière est l’une des priorités des forces estoniennes, avec celui de leurs capacités en matière d’artillerie [l’acquistion de lance-roquettes multiples est d’ailleurs envisage, ndlr]. Et pour cause : en comptant les îles, le littoral estonien est long de près de 4000 km.

Le missile Blue Spear va « améliorer considérablement notre défense côtière et envoie le message clair que nous contribuons à l’effort de défense régional et collectif. Il s’agit de l’un des systèmes d’armes les plus complexes et avancés. Je suis très heureux que l’Estonie dispose d’une industrie capable de participer à tels projets de haute technologie », a commenté Kalle Laanet, le ministre estonien de la Défense.

Le système d’armes qui a été choisi « constituera la pierre angulaire de la défense navale estonienne pour les décennies à venir. La marine estonienne sera en mesure de contribuer de manière significative à la fois aux efforts de défense nationaux, régionaux et collectifs », a fait valoir le « commodore » Jüri Saska, le chef d’état-major des forces navales de ce pays balte.

Le Blue Spear a été développé à partir du missile antinavire Gabriel V, produit par Israel Aerospace Industries. Il s’agit d’un engin de type rasant, c’est à dire qu’il peut évoluer à très basse altitude [4 à 5 mètres], ce qui le rend d’autant moins détectable.

Doté d’un système de guidage inertiel [ce qui réduit le risque de brouillage], d’un autodirecteur radar actif et de contre-mesures électronique], ce missile peut atteindre une cible située à environ 290 km de distance [ce qui couvre tout le golfe de Finlande, des côtes estoniennes aux russes, nldr].

Ce qui veut dire que les navires de la flotte russe de la Baltique passant au large de l’Estonie, membre de l’Otan, seront à la portée d’un tel missile… Lequel donnerait à la marine estonienne [et à l’Otan] une capacité d’interdiction et de déni d’accès dans la région. Et cela permettrait ainsi d’empêcher, par exemple, le ravitaillement par mer de l’enclave militarirée russe de Kaliningrad.

Par ailleurs, les dépenses militaires estoniennes, qui ont atteint un niveau « historique » en 2021, avec une enveloppe de 645,5 millions d’euros, devraient de nouveau augmenter significativement l’an prochain, avec une hausse prévue d’environ +15%.

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