Le ministère des Armées devrait indirectement bénéficier du plan d’investissement « France 2030 »

Ces vingt à trente dernières années, pendant qu’elle se couvrait d’entrepôts, la France s’est désindustrialisée, ce qui a plusieurs conséquences. L’une d’entre-elles est une dépendance par rapport à d’autres puissances industrielles dans certains secteurs, comme, par exemple, celui des semi-conducteurs. Un autre se traduit par un moindre investissement dans les capacités de recherche et d’innovation…

En outre, comme l’ont souligné Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, dans leur livre « La France sous nos yeux« , le passage d’une économie de production à une économie de consommation a redessiné la sociologie du pays, avec tout ce que cela suppose. Enfin, cette désindustrialisation explique la faible croissance, structurellement installée, de l’économie française, ainsi que son endettement et, bien évidemment, son déficit commercial chronique, sans oublier les difficultés sur le marché de l’emploi.

Le plan de réindustrialisation, appelé « France 2030 » que le président Macron vient de dévoiler, ce 12 octobre, va-t-il renverser la tendance? En tout cas, l’objectif est de construire un « cycle vertueux », en réconciliant notamment « cette France des start-up et cette France de l’industrie », afin de « retrouver le chemin de l’indépendance française et européenne ».

« Il faut améliorer l’efficacité de la dépense sociale » et « faire les réformes pour produire plus et retrouver le fil du couple ‘innover-produire' », a avancé M. Macron, soulignant la nécessité de réduire le « déficit de croissance potentielle, le déficit public et le déficit du commerce extérieur ».

« Je ne dis pas que nous allons être leader dans tous les domaines, car nous sommes dans une compétition ouverte. Mais nous devons chercher dans quels secteurs nous pouvons être en tête », a aussi fait valoir le locataire de l’Élysée. Aussi, dix domaines feront l’objet d’un effort particulier dans les cinq à venir, grâce à une enveloppe de 30 milliards d’euros, laquelle s’ajoutera aux 100 milliards d’euros du plan de relance.

Certains de ces domaines intéresseront certainement les armées. Ou, du moins, elles devraient en bénéficier indirectement. Ainsi, le plan France 2030 prévoit un investissement de près de 6 milliards d’euros afin de doubler la production de composants électroniques, ce qui passe par la sécurisation des approvisionnements en matières premières. Ce qui profitera à la la Base industrielle et technologique de défense [BITD]. En outre, les besoins de cette dernière seront toujours de plus en plus importants, ne serait-ce qu’en raison, par exemple, de la robotisation croissante.

D’ailleurs, cette annonce de M. Macron tombe bien, le Direction générale de l’armement [DGA] ayant un projet visant à développer une filière de semi-conducteurs à base de Nitrure de Gallium.

Un autre domaine jugé prioriaire est celui de l’espace, dont dépendent de plus en plus les opérations militaires, notamment pour les transmissions, la surveillance et le renseignement. « Un new space est en train de se construire», estime-t-il. «Le monde que l’on pensait impossible est en train d’arriver beaucoup plus vite qu’on ne le pensait », a relevé M. Macron. Là, il est question d’un effort particulier en faveur des mini-lanceurs réutilisables et des micro-satellites.

L’exploration des fonds marins fera l’objet d’une attention particulière. Selon le président, ce domaine est propice à des « innovations de rupture ». Or, la « guerre des abysses » est devenue une priorité. Nul doute que les avancées dans cette exploration des fonds marins permettront, in fine, à développer les capacités de la Marine nationale en la matière.

Le plan « France 2030 » met aussi l’accent sur l’énergie nucléaire, avec un investissement d’un milliard d’euros. « Nous devons réinvestir pour être à la pointe des innovations de rupture dans le secteur », a estimé M. Macron, citant en particulier le développement de « petits réacteurs » [Small modular reactors – SMR].

Moins puissants que les réacteurs traditionnels, ceux-ci ont l’avantage de pouvoir être fabriqués en série. Disposant de mécanismes de sûreté passifs, ils sont plus faciles à installer… Et ils ils peuvent servir à produire de l’énergie pour des sites isolés. Les recherches qui seront effectuées à leur sujet pourraient donner lieu à des « micro-réacteurs nucléaires » déployables, comme ceux du « Project Pele« , lancé par le Pentagone.

Enfin, un autre domaine susceptible de profiter aux armées est celui… de la culture, lequel bénéficiera d’une enveloppe dans le cadre de ce plan. Il s’agit de mener une « bataille culturelle », la France, selon M. Macron, devant défendre son « imaginaire », et donc ses créations, son histoire et ses valeurs. Là, il est question d’investir dans la formation des professionnels et dans la construction de « grands studios ». Via sa mission « Cinéma », le ministère des Armées aura sans doute une carte à jouer.

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