L’Irak annonce avoir capturé un haut responsable de l’État islamique en… Turquie

Le 10 octobre, alors que les électeurs irakiens étaient appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement, Bagdad a lancé une opération au-delà de ses frontières pour capturer Sami Jasim Muhammad al-Jaburi [alias Hajji Hamid], un haut responsable de l’organisation État islamique [EI ou Daesh], dont la tête avait été mise à prix par les États-Unis pour cinq millions de dollars.

Dans la fiche biographique diffusée par les autorités américaines, al-Jaburi, âgé d’une quarantaine d’années, est décrit comme ayant été le « ministre des Finances » de Daesh pour avoir supervisé « les activités générant des revenus », dont la vente « illicite » de pétrole, de gaz, d’antiquités et de minéraux. Des sanctions avaient été prises à son endroit par le département du Trésor en septembre 2015.

Puis, après la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’organisation terroriste tué par les forces spéciales américaines en octobre 2019, al-Jaburi aurait continué à occuper les fonctions de « superviseur des dossiers financiers et économiques » auprès du successeur de ce dernier, à savoir Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi.

Dans un premier temps, ce 11 octobre, via Twitter, le Premier ministre irakien, Mustafa al-Kadhimi, a annoncé la capture de ce haut dirigeant de Daesh au cours d’une « opération externe ».

« Alors que nos héros [des Forces de sécurité irakiennes – FSI] se sont concentrés sur la sécurisation des élections, leurs collègues [des services de renseignement] ont mené une opération externe complexe pour capturer Sami Jassim », a en effet indiqué M. al-Kadhimi, sans donner plus de détails sur l’endroit où le dirigeant jihadiste se cachait.

Des précisions ont été données à l’AFP par un haut responsable militaire irakien, sous le couvert de l’anonymat. Ainsi, celui-ci a affirmé qu’al Jaburi avait été capturé « en Turquie ».

Pour le moment, les autorités turques n’ont pas pas réagi à cette information. Cela étant, il est peu probable qu’elles aient donné leur autorisation à l’opération menée par les services de renseignement irakiens, même si celles-ci ne se gênent pas pour en faire de même quand il s’agit de mettre la main sur des militants kurdes…

Cela étant, en mai dernier, Ankara avait annoncé la capture, à Istanbul, d’un certain « Basim », un ressortissant afghan présenté comme ayant été l’un des bras droits d’al-Bagdhadi, qu’il aidait à se cacher dans la région syrienne d’Idleb, précisément dans la localité de Barisha, située dans une zone supposée être sous contrôle turc. D’ailleurs, les États-Unis n’avaient pas informé la Turque de l’opération qu’ils allaient alors mener pour « neutraliser » le chef de Daesh.

Quoi qu’il en soit, la capture d’al-Jaburi est un nouveau coup dur porté contre Daesh.

« L’argent est la pierre angulaire des groupes terroristes. Donc, s’en prendre à leurs financiers est essentiel pour les contrer. Non seulement nous pouvons en apprendre davantage sur la façon dont Daesh fonctionnait quand il était à son apogée, mais nous pourrons aussi nous faire une idée plus précise de ses priorités pour l’avenir. Dans mon esprit, al-Jaburi est l’un des rouages les plus important de tout le réseau de Daesh », a expliqué Colin Clarke, du Soufan Group, au quotidien The Times.

Photo : Archive

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