La Turquie cherche à acquérir 40 nouveaux avions F-16 auprès des États-Unis
La semaine passée, après avoir rencontré son homologue russe, Vladimir Poutine, à Sotchi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait évoqué une possible coopération entre son pays et la Russie dans le domaine des avions de combat. Un dossier crucial pour la modernisation de la force aérienne turque, qui dispose d’appareils anciens.
Initialement, la Turquie devait recevoir 100 avions de 5e génération F-35A, commandés dans le cadre du programme américain Joint Strike Fighter [JSF]. Mais elle en a été exclue en raison de son achat de batteries de défense aérienne S400 auprès de la Russie. Achat qui lui a valu également des sanctions prises par l’administration Trump [et maintenue par celle du président Biden] au titre de la loi CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act].
Celles-ci ciblent notamment son industrie de l’armement, ce qui limite les marges de manoeuvres d’Ankara pour maintenir en condition opérationnelle et moderniser son aviation de combat, laquelle repose essentiellement sur des chasseurs-bombardiers F-16, de facture américaine.
S’agissant de l’exclusion du programme F-35, le président Erdogan réclame à Washington le remboursement des sommes déja investies par Ankara. Soit un total de 1,4 milliard de dollars, selon lui. L’affaire s’annonce d’autant plus compliquée au regard de l’intention de la Turquie d’accroître sa coopération avec la Russie dans le domaine militaire.
Outre les S-400, pour lesquels l’achat d’un second lot est en cours de discussion, Ankara parle d’une participation russe à son propre programme d’avion de combat de 5e génération [le TF-X, ndlr], d’une possible acquisition de Su-35 [voire de Su-57 « Felon »] et d’une collaboration dans la construction de sous-marins. Une telle perspective pourrait remettre en cause l’adhésion de la Turquie à l’Otan… À moins qu’il ne s’agisse d’une manoeuvre pour convaincre les États-Unis d’assouplir leur position, sur le mode « retenez-moi ou je fais un malheur ».
En effet, selon l’agence Reuters, Ankara a demandé à Washington l’autorisation d’acquérir 40 avions F-16 auprès de Lockheed-Martin ainsi que près de 80 kits de modernisation pour les appareils du même type déjà en service au sein de sa force aérienne.
A priori, il s’agit de F-16 « Viper », soit la dernière version développé par le constructeur américain. Celle-ci est notamment équipée de la Liaison 16, d’un radar à antenne active [AESA] APG-83 SABR, d’un ordinateur de mission avancé, d’un Center Pedestal Display [affichage de suivi de terrain] et d’une connectivité améliorée. La Grèce disposera prochainement de 85 appareils ainsi modernisés.
La requête turque, d’un montant évalué à « plusieurs milliards » de dollars, est « toujours en cours » d’examen dans le cadre du dispositif américain dit des « Foreign Military Sales » [FMS]. Elle doit d’abord faire l’objet d’un avis positif de la Defense Security Cooperation Agency [DSCA, qui relève du département d’État], puis d’un feu vert du Congrès des États-Unis.
Sollicitée par Reuters, la diplomatie américaine n’a pas souhaité faire de commentaire. « En règle générale, le département [d’État] ne confirme ni ne commente les ventes ou les transferts d’armements proposés tant qu’ils n’ont pas été officiellement notifiés au Congrès », a fait valoir un porte-parole.
Quoi qu’il en soit, les chances pour qu’Ankara obtienne satisfaction sont infimes étant donné qu’il y a un consensus entre les élus républicains et démocrates au Congrès pour accentuer la pression sur la Turquie en raison de son achat de S-400 à la Russie et de son comportement en Méditerranée orientale.