Selon Mme Parly, 14 Rafale de l’armée de l’Air sont actuellement cloués au sol pour avoir été « cannibalisés »

Au 1er juillet 2020, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] disposait de 102 avions Rafale. Mais elle comptera six de moins d’ici la fin de cette année en raison de la commande passée par Athènes [18 appareils, dont 12 d’occasion].

Étant donné l’activité opérationnelle – intense – des forces françaises, ce prélèvement pouvait susciter quelques craintes au regard de l’aptitude de l’AAE à honorer ses contrats opérationnels… Et cela d’autant plus qu’elle aura à céder six Rafale de plus à son homologue grecque en 2022.

Si l’on s’en tient aux objectifs de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, l’AAE doit pouvoir mettre en oeuvre 129 Rafale d’ici 2025. Aussi, dès le contrat grec signé, la ministre des Armées, Florence Parly, ne tarda pas à notifier une commande de 12 exemplaires [au standard F3R] à Dassault Aviation. Commande, avait-elle expliqué au quotidien Les Échos, qui allait être « financée dans le cadre de la Loi de programmation militaire, dont les crédits seront abondés par le produit de la cession des avions d’occasion à la Grèce », alors estimé à 400 millions d’euros.

Seulement, ce produit de cession ne servira pas à financer cette commande de 12 Rafale, lesquels seront livrés à l’AAE en 2025. C’est en effet ce qu’a expliqué Mme Parly aux sénateurs, lors d’une audition, le 6 octobre.

Avoir un certain nombre d’avions en dotation est une chose… Faire en sorte que tous soient en mesure de décoller en est une autre. Or, sur ce point, sur les 102 Rafale que comptait l’AAE en juillet 2020, 14 n’étaient pas en état de voler. Aussi, le produit de cession, qui sera reversé intégralement au budget du ministère des Armées, servira à faire en sorte qu’ils puissent de nouveau voler.

« Nous avons pu, grâce au contrat grec, faire remonter en première priorité le fait de rééquiper des appareils qui n’étaient plus en état de vol. Ce n’est pas simplement un question de contrat MCO [Maintien en condition opérationnelle], c’est aussi le fait de pouvoir compléter des avions qui, en quelque sorte, avaient servi de réservoir de pièces détachées », a expliqué la ministre.

En clair, ces appareils ont été « cannibalisés » afin de maintenir les autres en état de vol. Ce genre de pratique est assez courant, surtout au sein des forces armées aux prises avec des contraintes budgétaires.

Avec la vente de ces douze avions d’occasion à la Grèce, « ces produits de cession vont être réinvestis pour pouvoir rééquiper des appareils qui n’étaient plus en état de vol mais qui » le seront à nouveau « grâce à des commandes de pièces », a insisté Mme Parly, précisant en effet que 14 Rafale étaient concernés.

Un autre axe d’effort porte l’amélioration de la disponibilité de l’ensemble de la flotte « Rafale » de l’AAE, grâce en particulier aux contrats de MCO « RAVEL » [Rafale Verticalisé], confié à Dassault Aviation en 2019, et BOLERO, recemment attribué à Safran pour les moteurs M88.

D’après Mme Parly, le contrat RAVEL produit des résultats appréciables car, d’après Mme Parly, le teux de disponibilité s’est accru de 50% par rapport à 2017 [à l’époque, il était de 55,4%].

« Donc, lorsqu’on joue, d’une part, sur la remise en état de vol grâce à la commande de pièces et, de l’autre, sur la poursuite de l’amélioration de la disponibilité, on contribue à compenser le trou capacitaire qui résulte du prélèvement opéré sur les années 2021/22 pour assurer les livraisons » à la force aérienne grecque, a fait valoir Mme Parly. « En 2025, cette rupture capacitaire sera compensée puisque les livraisons d’appareils neufs interviendront », a-t-elle ajouté, insistant sur le fait que ces derniers constitueront « un plus pour l’armée de l’Air puisque nous aurons en moyenne un parc d’avions Rafale qui sera plus moderne que celui que nous aurions eu en l’absence de ces commandes ».

Quant à l’intention de la Croatie d’acquérir à son tour 12 Rafale d’occasion – donc prélevés sur la flotte de l’AAE – les discussions sont toujours en cours. Ce n’est qu’une fois le contrat sera signé qu’une nouvelle commande sera passée à Dassault Aviation pour des avions neufs.

« D’abord, nous recompléterons cette flotte, comme nous avons prévu de le faire » pour le contrat grec et « d’autre part, nous étudions des scénarios pour renforcer les capacités techniques [des Rafale de l’AAE]. Je pense en particulier au fait que nous manquons de pods de désignation TALIOS et de radar. Là aussi, nous avons l’intention d’utiliser les produits de cession », a indiqué Mme Parly.

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