Vers des « postes de gendarmerie » installés dans les mairies?
À la fin des années 2000, dans un contexte marqué par son intégration au sein du ministère de l’Intérieur ainsi que par la Révision générale des politiques publiques [RGPP], la Gendarmerie nationale a créé des « communautés de brigades » [COB], ce qui s’est traduit par la fermure de 500 brigades dans ses zones de compétence.
Résultat : alors que le nombre des violences et des atteintes aux bien a régulièrement augmenté au cours de ces dix dernières années, le temps d’intervention des gendarmes s’est allongé [il était de 12 minutes en 2016] et la population a eu le sentiment d’être « abandonnée », ce qui a, par ailleurs, tendance à amoindrir la capacité de la gendarmerie à recueillir des « signaux faibles » en matière de renseignement.
Pour autant, et alors qu’elle a « rectifié le tir » en ne fermant plus de brigade et en mettant en place des « brigades territoriales de contact », la Gendarmerie a été invitée, en 2019, par la Cour des comptes à rationaliser son dispositif dans les zones rurales. Or, en septembre, en conclusion du « Beauvau de la sécurité », le président Macron a dit vouloir « doubler sur dix ans la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique ».
Comment, dans ces conditions, « mettre plus de bleu sur le terrain » [pour reprendre la formule du locataire de l’Élysée, ndlr]? Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 6 octobre, le Directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Christian Rodriguez, a avancé une idée, dont la concrétisation dépendra de la hausse annoncée de l’effectif des gendarmes réservistes, ce dernier devant passer de 34’000 à 50’000 à cout terme.
« Notre maillage est ce qu’il est et on a beaucoup dissous de brigades », a commencé par admettre le général Rodriguez. Aussi, a-t-il continué, « l’idée est d’aller vers des modèles alternatifs, qui pourraient être des postes de gendarmerie dans des endroits où il n’y a pas de brigade ».
Concrètement, il s’agirait d’affecter deux gendarmes dans le local d’une mairie, à qui il serait confié un « budget et des réservistes qui habitent dans le coin », a expliqué le DGGN.
Reste la question de l’armement… L’an passé, le général Rodriguez avait justement dit souhaiter que « le réserviste puisse garder son arme chez lui comme il a son uniforme chez lui ». Et d’ajouter : « Cela permet[trait] de renforcer le maillage et la proximité avec l’élu dans une situation de crise locale ». Visiblement, et alors qu’il souhaiter expérimenter ce dispositif en 2021, la mise en oeuvre de cette mesure a pris du retard étant donné qu’un décret est toujours en préparation pour l’autoriser.
Pour le DGGN, ce poste de gendarmerie installé dans le local d’une mairie [il a aussi évoqué un partenariat avec La Poste – qui compte de moins en moins de bureaux dans les zones rurales, ndlr] permettrait d’avoir une « sorte d’excroissance d’une brigade à un endroit où, aujourd’hui, on ne voit pas beaucoup de bleu ».
Et cela d’autant plus que le gendarme réserviste va aussi apporter une plus-value parce qu’il « habite à cet endroit-là ». Et le DGGN d’ajouter : « Quand, en plus, on aura l’habitude de le voir patrouiller en uniforme, quand il sera en civil, on saura qu’il est réserviste de la gendarmerie. Donc, même quand il ne travaillera pas, il contribuera à avoir un impact sur le sentiment de sécurité, qui est aussi quelque chose d’important pour nos populations ».