Otan : Le F-35A fait un pas de plus vers la capacité à emporter la bombe nucléaire tactique B61
Si, pour moderniser leur aviation de combat, plusieurs membres de l’Otan ont choisi le F-35A, c’est à dire le chasseur-bombardier de 5e génération développé par l’américain Lockheed-Martin, c’est notamment parce qu’ils font partie des plans nucléaires de l’Otan, lesquels reposent sur la bombe nucléaire tactique B-61, fournie par les États-Unis. Tel a ainsi été le cas de l’Italie, de la Turquie, des Pays-Bas et, plus récemment de la Belgique. La Luftwaffe [force aérienne allemande] aurait bien voulu faire le même choix… mais Berlin en a décidé autrement, préférant le F/A-18 Super Hornet.
Pour rappel, les armes nucléaires de l’Otan sont régies selon le principe dit de la « double clé ». En clair, leur contrôle [et donc leur code d’armement] est exclusivement assuré par les États-Unis, les pays membres concernés ne fournissant que les chasseurs-bombardiers chargés de les mettre éventuellement en oeuvre.
Cela étant, le F-35A n’est actuellement pas qualifié pour emporter la B-61-12, dernière évolution de cette bombe nucléaire dite « gravitationnelle ». Celle-ci est développée dans le cadre d’un programme lancé en 2012 afin de traiter ses obsolescences et la rendre à la fois plus sûre et fiable.
En juin 2020, l’US Air Force a effectué deux tests de compatibilité de cette B-61-12 avec le F-15E, l’un à basse altitude [1’000 pieds soit 320 mètres], l’autre à haute altitude [plus de 25’000 pieds]. Évidemment, il s’agissait de larguer une réplique de cette munition, sans charge nucléaire.
Et c’est ce que viennent de faire deux F-35A, dans le cadre du processus de certification nucléaire de ce type d’appareil, lors d’une campagne organisée sur le site d’essais de Tonopah [Nevada].
Les données collectées à cette occasion sont désormais en cours d’analyse par le Pentagone et le département américain de l’Énergie, l’enjeu étant de s’assurer que tout a fonctionné correctement lors des différentes phases de ces vols d’essais. Ce n’est qu’après que la certification nucléaire intiale du F-35A sera prononcée.
« Les B61 sont des armes nucléaires gravitationnelles tactiques qui peuvent être utilisées sur des avions à double capacité, comme le F-15E et le F-16 C/D ». Avoir un avion de 5e génération doté de cette capacité apporter une plus-value au niveau stratégique, qui renforce la mission de dissuasion nucléaire » des États-Unis, a fait valor le lieutenant-colonel Daniel Jackson, reponsable de la dissuasion au sein de l’Air Combat Command [ACC].
Et pour cause! Étant donne le mode de largage de la B-61, la faible signature radar du F-35A lui permet théoriquement de s’approcher au plus près d’une cible située dans un environnement fortement contesté. Actuellement, seul le bombardier stratégique B-2 « Spirit » a une telle capacité.
« Aucune date n’a été précisée pour la certification nucléaire complète du F-35A […]. La réussite de ces tests couvre une partie critique du processus de certification nucléaire et garantit que le F-35A restera sur la bonne voie pour les échéances futures », a commenté l’US Air Force.