L’Inde s’inquiète du renforcement militaire chinois à ses frontières

La région montagneuse – et peu hospitalière – du Ladakh, considéré comme stratégique, est traversée par la Ligne de controle effectif [LAC], dont le tracé est la source d’un différend territorial entre la Chine et l’Inde. Et, depuis l’incursion, en mai 2020, de 250 soldats chinois dans le secteur du lac de Pangong Tso, située dans une partie du Ladakh indien revendiquée par Pékin, les deux pays sont depuis à couteaux tirés. Ce qui a donné lieu à un affrontement violent ayant fait plusieurs dizaines de tués en juin de la même année.

L’Inde et la Chine y ont donc renforcé significativement leur posture militaire dans les environs de cette région. Ainsi, l’Armée populaire de libération [APL] a été particulièrement active, avec le déploiement de ses matériels les plus récents [comme le char léger de type 15], l’envoi de bombardiers H6 armés de missiles de croisière KD-63 [pouvant menacer les centres de décision indiens] et la construction de nouvelles bases aériennes.

Pour autant, en février 2021, et à l’issue de neuf cycles de pourparlers, New Delhi a annoncé qu’un « accord de désengagement mutuel » avait été trouvé avec Pékin. Un accord confirmé par Wu Qian, le ministre chinois de la Défense. Selon ce dernier, les troupes des deux pays venaient même de commnecer « à organiser » leur « désengagement de manière synchronisée et planifiée ».

Seulement, il ne fallait sans doute pas se réjouir trop vite de ce retour annoncé à la normale… dans la mesure où plusieurs questions restaient encore en suspens. D’où, d’ailleurs, la poursuite des discussions diplomatiques et militaires entre les deux pays afin de tenter de les résoudre.

Ainsi, le 1er octobre, lors d’une visite d’inspection au Ladakh, le général Manoj Mukund Naravane, le chef d’état-major de l’Indian Army, a dénoncé une pression chinoise croissante à la frontière, via une présence militaire ayant augmenté en « nombre considérable ». C’est un « sujet d’inquiétude », a-t-il dit, selon le quotidien Times of India.

Aussi, a continué le général Naravane, l’armée indienne renforce également sa présence le long de ligne de contrôle effectif. « Nous avons également introduit des armes de pointe. Nous sommes forts, bien préparés pour faire face à toute éventualité », a-t-il assuré.

Si, au Ladakh, il y a bien un désengagement mutuel concernant quelques points sensibles, comme celui de Pangong Tso et, plus récemment, celui de Gogra, il reste des « points de friction » au niveau de secteur de Demcok et des plaines de Depsang. Par ailleurs, selon la presse indienne, des soldats chinois – une centaine environ – auraient fait un incursion de 5 km dans la région de Barahiti, située dans l’Uttarakhand [sud du Ladakh, ndlr] et frontalière avec le Tibet.

À Pékin, on affirme que les forces indiennes traversent régulièrement la LAC, dans le cadre d’une « politique d’avancement » visant à « grignoter » le territoire chinois. C’est en effet ce qu’a affirmé Hua Chunying, la porte-parole de la diplomatie chinoise, le 29 septembre. « C’est la cause profonde des tensions frontalière entre la Chine et l’Inde », a-t-elle souligné.

« La Chine s’oppose à toute course aux armements dans les zones frontalières contestées […] et sauvegarde toujours fermement la souveraineté et la sécurité territoriales nationales, tout en s’engageant à maintenir la paix et la stabilité dans les zones frontalières avec l’Inde », a encore faire valoir la porte-parole.

Cependant, New Delhi a réfuté les accusations du ministère chinois des Affaires étrangères, assurant qu’elles n’étaient « pas fondées sur des faits ».

Photo : Archive

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