Son équipage ayant été jugé inexpérimenté, une frégate belge n’a pas pu participer à des exercices de l’Otan

« Nous, terriens, nous avons des armes pour équiper nos hommes. Vous, marins, vous avez des hommes pour armer vos bateaux », aurait dit le maréchal Foch [cité par Hervé Coutau-Bégarie, dans son « Traité de stratégie« ]. Mais encore faut-il que, pour être efficaces au combat, les équipages soient bien formés, expérimentés et entraînés.

« Pour être de bons combattants, les marins qui s’affrontent à travers des matériels, des équipements et des armes de plus en plus perfectionnés doivent être aussi d’excellents techniciens », estimait en effet l’amiral Pierre Lacoste [dans « Strategies navales du present 112897« ]. D’où, sans doute, le problème que doit résoudre au plus vite la marine belge.

En effet, régulièrement déployée au sein du groupe aéronaval français formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, la frégate belge Leopold Ier aurait dû prendre part aux manoeuvres Dynamic Mariner/Joint Warrior, organisées par l’Otan et le Royaume-Uni au large des côtes écossaisses, avant de rejoindre le Standing Nato Maritime Group One [SNMG1].

Seulement, le navire belge, dont environ les deux tiers de ses 180 marins ont moins de 35 ans, n’a pas pu être engagé comme prévu dans les exercices de l’Otan étant donné qu’il a été considéré que son équipage était insuffisamment formé, au point de ne pas répondre aux standards requis. Aussi, la frégate Leopold Ier est restée à quai, à Den Helder [Pays-Bas].

« C’est du jamais vu. Un flop pour notre marine », a déploré un officier belge auprès de l’agence Belga, selon qui la « jeunesse » de l’équipage de la frégate « a coûté la place » de celle-ci aux exercices de l’Otan.

« Nous sommes un peu victimes de la nouvelle jeune garde qui a dû être prête en peu de temps », a expliqué un porte-parole de la marine belge. « Toute personne présente sur un navire doit pouvoir exécuter deux ou trois fonctions. C’est assez unique au sein de la marine et cela demande donc deux à trois fois plus de formations pour nos jeunes matelots », a-t-il ajouté.

Le souci se situe donc au niveau de la gestion des ressources humaines… Après des années de disette budgétaire et sous l’effet de nombreux départs en retraite, la Défense belge doit désormais accélérer et amplifier son recrutement. D’ici 2024, elle aura donc à trouver et à former plus de 10’000 recrues afin de combler les postes vacants, en particulier dans les spécialités techniques. Pour cela, elle offre aux jeunes sans diplôme une formation les menant au niveau d’un baccalauréat technique.

En tout cas, former des spécialistes prend du temps. Mais pas seulement… « Depuis l’arrivée de la ministre Dedonder, nous devons recruter comme des fous et en même temps former. Mais on a besoin de formateurs et de temps pour cela. Et on en manque bien souvent », a confié un officier à l’agence Belga.

En attendant, la frégate Leopold Ier doit mettre les bouchées doubles pour intégrer le SNMG1, comme prévu.

Elle « s’entraîne pour obtenir sa certification et partir exécuter sa mission. En ce moment, le personnel suit un entrainement intensif pour atteindre les standards nécessaires. Seulement alors, le commandement donnera son feu vert pour envoyer la frégate rejoindre la flotte permanente de l’Otan SNMG1 », a assuré l’état-major de la composante navale de la Défense belge, le 2 octobre.

« Avant de déployer un navire en mission, le commandement de la Marine veut être sûr qu’il puisse l’exécuter en toute sécurité. Nous ne transigeons pas avec la sécurité », a assuré l’amiral Jan De Beurme, son commandant.

Photo : Par Ein Dahmer – CC BY-SA 3.0

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