Le ministère italien de la Défense demande des crédits pour pouvoir enfin armer ses drones Reaper

En novembre 2015, et quatre ans après avoir adressé une demande aux États-Unis, l’Italie fut autorisée à armer les six drones MQ-9 Reaper de l’Aeronautica Militare, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations de matériels militaires, ayant rendu un avis favorable au Congrès.

Dans le détail, il était question d’une commande de 156 missiles AGM-114R2 Hellfire, de 20 bombes GBU-12 à guidage laser et de 30 GBU-38 JDAM [Joint Direct Attack Munitions] pour un montant total avoisinant les 130 millions de dollars. « L’Italie est un membre responsable de la communauté internationale et les Italiens ont été avec nous dans chaque opération significative récente de l’Otan », avait justifié un responsable américain, à l’époque.

Pour Rome, il s’agissait alors d’obtenir une telle capacité pour soutenir ses opérations menées en coalition, augmenter la « flexibilité » opérationnelle et améliorer la protection de ses forces terrestres. On s’attendait alors à voir l’Italie devenir le troisième pays à être doté de MQ-9 Reaper armés. Finalement, la France lui grilla la politesse… en 2019.

En effet, après cet avis favorable de la DSCA, le ministère italien de la Défense se garda finalement d’armer ses drones, probablement pour des raisons financières ou des considérations éthiques et politiques. L’arrivée au gouvernement, lors des élections générales de 2018, du Mouvement Cinq Étoiles [M5S], opposé à l’acquisition d’une telle capacité, n’a pu que favoriser le statu quo [pour rappel, le ministère de la Défense avait été confié à Elisabetta Trenta, membre de ce parti, ndlr].

Quoi qu’il en soit, dix ans après en avoir demandé l’autorisation aux États-Unis et six ans après l’avoir obtenue, l’Italie va pouvoir armer ses drones Reaper. Enfin, sous réserve que le Parlement approuve l’enveloppe que l’actuel ministre de la Défense, Lorenzo Guerini, a inscrite à cette fin dans la programmation budgétaire pluriannuelle 2021-23 [.pdf].

Pour justifier cette demande de crédits [168 millions d’euros, au total], la Défense italienne a mis en avant l’évolution de la conflictualité, telle qu’elle a été observée en Libye et au Haut-Karabakh. Ces conflits ont montré « l’importance du drone armé sur le champ de bataille » et font tomber « les incertitudes et les résistances d’ordre éthique qui avaient jusqu’alors empêché l’aquisition de cette capacité », a-t-elle fait valoir.

En outre, Rid, le magazine transalpin spécialisé dans les affaires de défense, a souligné que l’absence de drones armés en Afghanistan « a mis la vie de soldats [italiens] en danger, des pertes ayant probablement pu être évitées ».

Cela étant, le ministère italien de la Défense n’a pas donné de précisions sur les munitions que les MQ-9 Reaper de l’Aeronautica Militaire pourraient emporter. Outre les missiles Hellfire, les GBU-12 et autres JDAM, l’appareil est en mesure de mettre en oeuvre des missiles Brimstone, fournis par MBDA.

Par ailleurs, Rome a l’intention de doter ses drones d’une nouvelle charge de renseignement électro-magnétique [ROEM], au sujet de laquelle aucun détail n’a été donné.

 

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