Le contrat grec aura un impact « limité » sur la livraison des frégates de défense et d’intervention à la Marine nationale

Initialement, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoyait la livraison de deux Frégates de défense et d’intervention [LPM] à la Marine nationale d’ici à 2025, sur les cinq qu’il était alors question de commander.

Puis, afin d’assurer le plan de charge du site lorientais de Naval Group, la ministre des Armées, Florence Parly, avait annoncé, en mars dernier, la commande anticipée des deuxième et troisième FDI. Et l’un de ces deux navires devait être livré en 2025.

« Nous allons accélérer la livraison des FDI n°2 et n°3. […]. Si nous accélérons leur livraison, c’est parce que nous avons conscience des menaces qui grandissent en mer. Nous disposerons donc de trois frégates d’intervention avec un an d’avance sur l’échéance initiale. Si nous accélérons leur livraison, c’est aussi parce que je suis convaincue qu’il s’agit d’une frégate qui dispose d’un potentiel d’évolution formidable, capable de répondre aux nouvelles menaces près de nos frontières nationales ou européennes », avait en effet expliqué la ministre, lors d’un déplacement à Lorient.

Ainsi, dans le détail, il était donc question de livrer à la Marine nationale la FDI n°1 [l' »Amiral Ronarc’h », ndlr] en 2024, puis les FDI « Amiral Louzeau » et « Amiral Castex » en 2025. Devaient ensuite suivre les FDI « Amiral Nomy » [en 2027] et « Amiral Cabanier » en 2029.

Seulement, la lettre d’intention signée par la Grèce pour l’acquisition de trois FDI [plus une en option, ndlr] va changer les plans de la Marine nationale.

Selon Hervé Grandjean, le porte-parole du ministère des Armées, le montant de la commande qu’envisage de notifier Athènes à Naval Group [ainsi qu’à MBDA pour une partie de l’armement] s’éleverait à 3 milliards d’euros. Cette somme comprend le Maintien en condition opérationnel [MCO] des navires pendant trois ans ainsi ainsi que la livraison de torpilles MU-90 et de missiles Aster 30 [surface-air] et Exocet [anti-navire]. Enfin, le contrat devrait être signé d’ici trois mois, avec l’objectif de livrer les deux premières FDI à la marine grecque en… 2025, la troisième devant l’être l’année suivante.

Ce qui veut dire que les FDI n°2 et n°3, initialement destinées à la Marine nationale, navigueront sous pavillon grec, la date de réception de la FDI « Amiral Ronarc’h » étant inchangée. Et, en 2026, la Grèce recevra sa troisième FDI. Ce qui va créer un décalage dans les livraisons des frégates commandées par la « Royale ».

D’après M. Grandjean, la frégate « Amiral Louzeau » serait donc livrée à la Marine nationale en 2026, soit avec « quelques mois de retard » par rapport au calendrier prévu. Même chose pour la frégate « Amiral Castex », qui ne prendra pas la mer avant 2027. La livraison des deux dernières FDI se fera en 2028 et en 2029.

Le porte-parole du ministère des Armées a assuré que tout serait fait pour que « l’impact » sur la Marine nationale soit « le plus mesuré possible », ce qui passera par des discussions avec Naval Group, qui aura à adapter son outil industriel à la demande. Par ailleurs, cela veut aussi dire que les trois frégates légères furtives [FLF] rénovées devront être maintenues un peu plus longtemps en service, l’objectif d’un format à 15 frégates de premier rang étant évidemment maintenu.

Quoi qu’il en soit, faute de capacités de production adaptées, la réflexion sur une éventuelle commande de FDI supplémentaires pour la Marine nationale, évoquée en juillet dernier par son chef d’état-major [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, va s’en trouver plus compliquée. En Indo-Pacifique, « si vous n’avez pas de sonars pour écouter ce qu’il y a sous l’eau dans cette zone alors que la Chine construit de nombreux sous-marins, vous ne servez à rien », avait-il souligné, dans un entretien donné à La Tribune. D’où l’idée d’aller au-delà des cinq FDI prévues par la LPM, ce type de navire correspondant « aux besoins liés à des missions de forces expéditionnaires ainsi qu’à des missions de lutte anti-sous-marine ».

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