Le Mirage 2000 va connaître une seconde jeunesse… en jouant les « agresseurs » dans le privé

Quand il entra en service, au début des années 1980, le Mirage 2000C était alors considéré comme étant un avion révolutionnaire, grâce, notamment, à son système de mission numérisé, sa Vision Tête Haute [VTH], son électronique embarquée et ses commandes de vol électriques.

« On changeait véritablement d’époque avec le 2000. L’emploi de la centrale inertielle, de la désignation d’objectif [DO], d’un radar performant [le RDM, au début, remplacé plus tard par le RDI, ndlr] et la détection infrarouge apportée par les missiles [air-air] MAGIC, n’était pas anecdotique. Il fallait anticiper énormément les trajectoires et le combat aérien commençait désormais à 35 nautiques. Nous quittions un monde dans lequel on pensait avant tout au combat canon pour un nouveau monde avec un missile longue portée et des missiles courte portée redoutable », se souvient le général Patrick Dutartre, dans le dernier hors série du Fana de l’Aviation dédié au Mirage 2000.

En combat aérien, le chasseur de Dassault Aviation se montra très vite redoutable, à la grande suprise, d’ailleurs, des pilotes de l’US Air Force, qui eurent maille à partir avec lui.

Ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Stéphane Abrial raconte au Fana de l’Aviation : « Au cours de ma première mission DCAT [Dissimilar Air Combat Training] contre un appareil du Big 22 [22nd Fighter Squadron de l’US Air Force], le F-15C que j’avais devant moi a fait une manoeuvre très serrée qui m’a empêché de tirer un MAGIC. Mais ce faisant, s’étant vidé de son énergie cinétique, il s’est arrêté en plein ciel… La maniabilité du Mirage 2000 m’a permis de faire un fort dépointage et de l’avoir avec un tir canon. Le pilote américain ne m’a pas cru quand j’ai annoncé le ‘kill’ à la radio. De retour au sol, je lui ai montré la vidéo. Il a réfléchi un moment, puis il m’a dit que les pilotes de F-15C allaient devoir revoir leurs classiques ».

Actuellement, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] dispose encore de deux escadrons dotés de Mirage 2000 dédié à la supériorité aérienne. Mais plus pour très longtemps, leur « transformation » sur Rafale étant décidée. Pour autant, le dernier chapitre de l’histoire de cet appareil n’est pas près d’être écrit.

Ainsi, par exemple, l’Inde a récemment indiqué qu’elle allait renforcer sa flotte de Mirage 2000H en se procurant des avions d’occasion, les qualités de cet appareil ayant été démontrées lors du conflit de Kargil, en 1999. Mais des entreprises privées s’y intéressent de près, dans l’intention de proposer des services de type « Red Air » aux forces aériennes nationales. Ces derniers mois, deux d’entre-elles, établies en France, ont fait connaître leur projet de se doter de Mirage 2000 d’occasion à cette fin.

Ayant vu le jour suite à la fusion entre SDTS et de SECAERO, la société ARES [pour Advanced Redair European Squadron], dispose actuellement de 9 Aermacchi MB339C et d’un Cessna 337 pour assurer des missions « Red Air », des simulations de menaces air-sol et air-surface, la formation des contrôleurs aériens avancés et l’entraînement à la guerre électronique. En avril, elle a fait part de son intention de se procurer 18 Mirage 2000, lesquels seraient basés à Istres. À qui va-t-elle les acheter? Mystère… Mais il est avancé sur les forums spécialisés qu’elle pourrait récupérer les Mirage 2000 grecs qui seront progressivement remplacés par des Rafale.

Un autre entreprise française, Procor, s’est également mise en quête de quelques exemplaires de Mirage 2000. Et, visiblement, elle a pris de l’avance par rapport à Ares puisqu’elle a déjà acquis 9 des 12 Mirage 2000C d’occasion qui avaient été cédés par la France au Brésil dans les années 2000. Pour cela, elle a déboursé 452’000 dollars. Et elle a même mis la main sur un biplace [immatriculé 513/5-OI quand il servait sous les couleurs françaises, selon le forum Delta Reflex]. Ces appareils ont rejoint des Mirage 5DJ et des Hawker Hunter.

L’un des Mirage 2000 acquis par Procor a d’ailleurs été exposé à lors du récent meeting aérien organisé sur la base aérienne 116 de Luxeuil, où l’entreprise va établir ses quartiers. Selon son Pdg, Xavier Janny, cité par Air&Cosmos, un premier vol est prévu pour le premier trimestre 2022.

Comme le soulignait La LettreA, l’armée de l’Air & de l’Espace serait tentée de solliciter de plus en plus le secteur privé pour l’entraînement de ses équipages afin de compenser la diminution du nombre de ses avions de combat. D’où les efforts d’Ares et de Procor pour se positionner sur ce marché, qui pourrait également intéresser d’autres forces aériennes européennes.

Cela étant, le Mirage 2000 n’est pas le seul avion de combat dit de 4e génération à intéresser les Entreprises de Services de Sécurité et de Défense [ESSD]. Le F-16 américain est également prisé. Le canadien Top Aces s’est ainsi procuré 29 appareils de ce type auprès d’Israël tandis que l’américain Draken International, déjà propriétaire de Mirage F1, a mis la main sur 12 exemplaires vendus par le ministère néerlandais de la Défense.

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