Sahel : Le groupement européen de forces spéciales « Takuba » sera commandé par un général suédois

La semaine passée, et alors qu’un détachement franco-estonien accompagnait l’Unité légère de reconnaissance et d’investigation n°3 [ULRI 3] des Forces armées maliennes [FAMa] dans une opération de contre-terrorisme dans la région d’Ansongo, une délégation danoise a inspecté la base avancée de Ménaka [nord du Mali] où le Danemark compte déployer, à partir de janvier prochain, une soixantaine de commandos au titre de la Task Force [TF] européenne Takuba.

Cependant, ce déploiement pourrait bien être compromis si, d’aventure, le gouvernement de transition malien, dominé par des officiers ayant été à l’origine de deux coups d’État, se met d’accord avec la société miliaire privée [SMP] russe « Wagner » afin de former les FAMa et assurer la protection des hautes personnalités du pays. La France a déjà prévenu que le recours à des mercenaires serait incompatible avec le maintien de sa présence militaire au Mali.

Pour le moment, et en dépit de l’avertissement que lui a adressé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [Cédéao], le gouvernement de transition malien n’entend pas se faire dicter sa conduite, soutenant qu’il ne permettrait à aucun État « de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas ».

« Il y a des partenaires qui ont décidé de quitter le Mali pour se replier sur d’autres pays, il y a des zones qui sont abandonnées », avait précédemment fait valoir Choguel Kokalla Maïga, le Premier ministre malien, en référence à l’évolution annoncée du dispositif militaire français au Sahel.

En effet, en juin, le président Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane. Et à partir de la fin de cette année, le dispositif français s’appuiera sur le détachement de forces spéciales « Sabre », basé au Burkina Faso, la Task Force européenne Takuba, qui continuera à accompagner les armées locales, et des moyens localisés à Niamey [Niger] afin d’appuyer ces dernières dans des domaines où elles présentent des déficits capacitaires [aviation, renseignement, transmissions].

En attendant que les autorités maliennes confirment ou non leur intention de solliciter les services de la SMP Wagner, la planification des opérations au Mali se poursuit.

Jusqu’à présent, parce que relevant Barkhane, la Task Force Takuba a toujours été commandée par un officier français. Mais ce ne sera plus le cas en novembre prochain. En effet, un général suédois en prendra la tête, à la demande de la France.

Pour le chef des forces spéciales suédoises, le général Anders Löfberg, ceci est un « exemplaire clair de la bonne coopération franco-suédoise dans l’opération en cours et de la confiance que notre personnel a bâtie depuis qu’il est déployé au Mali ».

En février 2021, la Suède a engagé 150 membres de ses forces spéciales ainsi que trois hélicoptères de manoeuvre UH-60 « Black Hawk » et un avion de transport C-130 Hercules dans la Task Force Takuba.

Pour rappel, Takuba compte actuellement 600 militaires [dont environ 300 Français] et se compose d’un poste de commandement multinational, de deux task group et d’une force de réaction rapide héliportée [armée, donc, par la Suède, ndlr]. En outre, un important détachement italien [150 à 200 commandos], doté de huit hélicoptères [dont quatre A129 Mangusta], est en cours de déploiement à Gao et à Ménaka. Sa pleine capacité opérationnelle doit être prononcée sous peu.

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