Les forces aérospatiales russes envisagent d’acquérir le chasseur léger furtif Su-75 « Checkmate »

Le 21 juillet, le conglomérat Rostec, dont le constructeur aéronautique Sukhoï est une filiale, a dévoilé le LTS [Logkiy Takticheskiy Samolot – « avion tactique léger », ndlr] « Checkmate », projet de chasseur de 5e génération, lors de l’édition 2021 du salon aéronautique MAKS.

Disposant d’une entrée d’air montée en « menton » [à l’image du X-32 de Boeing, concurrent malheureux du F-35, ndlr] et de deux dérives monoblocs, cet appareil, appelé depuis « Su-75 », présente quelques similitudes avec le Su-57 « Felon », un autre avion furtif développé par Sukhoï.

Cela étant, à la différence de son aîné, il sera monomoteur [en l’occurrence, un turboréacteur AL-41F1, voire un Izdeliye 30 par la suite]. Une première depuis le MiG-23 « Flogger » de la période soviétique. D’une masse au décollage de 18 tonnes, le Su-75 devra être en mesure de voler à la vitesse de Mach 1,8 et d’atteindre l’altitude maximale de 16’500 mètres. D’une autonomie de 3000 km, il sera équipé d’un radar AESA en bande X [probablement celui du Su-57], d’un système de veille infrarouge et d’une nacelle de ciblage KOEPS-75. Côté armement, il pourra emporter, en soute, 7,5 tonnes de missiles, de bombes et autres roquettes.

Lors de la présentation de ce nouvel avion de combat, Rostec a surtout insisté sur son potentiel à l’exportation, en citant le Vietnam, l’Argentine, les Émirats arabes unis et l’Inde. Et pour cela, le Su-75 aurait un argument de poids : son prix, qui serait de l’ordre d’une trentaine de millions de dollars, et le coût de son maintien en condition opérationnelle [MCO], annoncé jusqu’à sept fois moins élevé que celui du F-35 américain.

Cependant, en matière d’armement, rares sont les clients qui s’engagent à acquérir un équipement s’il n’a pas été éprouvé par les forces armées de son pays d’origine. C’est, en quelque sorte, une garantie pour que le soutien soit toujours assuré. D’ailleurs, l’industrie aéronautique russe en a fait les frais avec le MiG-35, qui n’a jamais trouvé preneur à l’étranger, malgré les efforts de Moscou.

Lors de la présentation du Su-75, la question était de savoir si l’État russe allait financer et/ou soutenir ce projet. La réponse a été donnée par Dmitry Shugaev, le directeur du Service fédéral de coopération militaro-technique [FSVTS], au début du mois de septembre.

En effet, ce dernier a indiqué que le développement du Su-75 serait financé et contrôlé par Moscou. Pour autant, il n’était alors pas question d’une éventuelle commande de ce futur appareil pour répondre aux besoins des forces aérospatiales russes.

Or, ce 17 septembre, et selon des propos rapportés par l’agence TASS, le vice-Premier ministre russe, Yuri Borisov, a déclaré que le Su-75 « Checkmate » pourrait faire l’objet d’une commande dans le cadre du futur programme d’armement du ministère de la Défense.

Pour le moment, le vol inaugural du Su-75 est prévu pour 2023. Et, en fonction de la demande, sa mise en production débuterait en 2025/26. « C’est un calendrier très réaliste », a estimé M. Borisov. « Selon ses caractéristiques, cet avion a un très bon potentiel, il a toutes les perspectives d’occuper un certain créneau et il a déjà des acheteurs potentiels », a-t-il insisté, sans livrer plus de détails.

Le dernier « programme d’armement » quinquennal russe a été signé par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en 2018. Le prochain devrait donc entrer en vigueur en 2023… Ce qui laisse finalement peu de temps pour décider de l’acquisition éventuelle de Su-75.

D’après M. Borisov, l’un des freins à l’achat de cet appareil est la « prudence » des forces aérospatiales russes au sujet des avions monomoteurs… D’où d’ailleurs la raison pour laquelle elles n’en utilisent plus depuis le MiG-23. Cependant, il leur faudra une solution pour remplacer leur MiG-29 « Fulcrum »… Le Su-75 pourrait en être une. À moins que le MiG-35 « Fulcrum E » ait toujours leur préférence.

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