Robotique : L’armée de Terre s’intéresse aux synergies « homme/machine » pour les missions de reconnaissance
La ministre des Armées, Florence Parly, l’a encore rappelé lors de son discours de rentrée, le 13 septembre : l’innovation reste la priorité, avec un budget dédié qui atteindra le milliard d’euros en 2022. « Ce niveau inédit d’investissement doit se traduire dans des innovations concrètes pour le ministère », a-t-elle martelé. Et la robotique fait partie de ces technologies susceptibles de changer la donne sur les théâtres d’opérations.
D’ailleurs, lors des manoeuvres Zapad 21, qui se déroulent en actuellement, les forces russes ont engagé pour la première fois des robots Platform-M, Uran-9 et Nerekht dans la région de Nijni Novgorod, pour des missions d’appui-feu et de reconnaissance. Mais plus généralement, bon nombre de forces armées réfléchissent aux rôles qu’elles pourraient confier à des systèmes robotisés. Certaines sont plus en pointe que d’autres… Mais l’armée de Terre n’est pas en reste.
Déjà, celle-ci a déployé des robots-mules « Robopex » au Mali, comme le fit avant elle l’armée estonienne, avec le THeMis de MilRem Robotics. Puis, en juin, elle a créé, au Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine [CENZUB] – 94e RI de Sissonne, la section « Vulcain », afin d’évaluer l’apport potentiel des systèmes robotisés à ses opérations, en liaison avec le Centre d’Excellence en Robotique aéroterrestre, établi à Satory. Là, il s’agit de voir comment il est possible de les intégrer au mieux dans une manoeuvre et de déterminer les conséquences que leur usage pourrait avoir sur l’organisation du commendement.
Mais la démarche de l’armée de Terre se veut pro-active. Ainsi, avec l’appui de l’Agence de l’Innovation de Défense [AID], le Battle Lab Terre organise le défi « CoHoMa » [Collaboration Hommes Machines], lequel vise, comme son nom l’indique, à étudier les synergies entre les soldats et les robots [pour faire simple] dans des missions de reconnaissance.
Ce défi, ouvert à « tous ceux qui souhaitent apporter un élément de compréhension ou une brique technologique innovante », va mettre « en situation les systèmes proposés par les équipes participantes, en exécutant des scénarios tactiques inspirés de situations de combat réellement vécues par les opérationnels de l’armée de Terre lors de leurs opérations », explique l’AID.
« Le challenge CoHoMa, dont la première édition est prévue au printemps 2022, a comme ambition de fédérer les acteurs de la robotique autour d’un projet commun, dédié à l’étude de la synergie entre hommes et machines, quel que soit leur degré d’autonomie », est-il expliqué dans la plaquette de présentation.
Ce défi reposera donc sur des « mises en situation réalistes », inspirées par des opérations passées. Il visera ainsi à « mesurer l’apport des systèmes automatisés et les contraintes qu’ils imposent » mais aussi à comprendre et à optimiser la façon dons les soldats et les robots peuvent « interagir ».
La constitution des équipes est libre… mais la mixité et la présence d’acteurs issues de plusieurs milieux [étudiants, industriels chercheurs] sera « valorisée ». Les participants, avec les systèmes qu’ils auront imaginés, auront à reconnaître une zone inconnue et à repérer dix « obstacles' » qu’ils devront soit contourner, soit désigner pour les « désactiver ».
« Ces obstacles seront disséminés de façon à ne pouvoir être décelés que par un certain type de satellite [c’est à dire un sous-système robotisé, terrestre ou aérien, ndlr]. Une fois cette zone parfaitement reconnue, le véhicule maître pourra s’installer dans la ‘zone d’observation’, puis, toujours grâce à ses satellites, déceler
et identifier tout item mobile dans la ‘zone à observer' », détaille l’AID.
Les dossiers d’inscription devront parvenir au Battle Lab Terre d’ici le 8 octobre 2021. Quant aux prix proposés, ils ne sont pas encore déterminés. « Ce challenge n’a pas vocation à établir un classement des équipes selon leur compétence ou leurs résultats, mais à identifier et, le cas échéant, à promouvoir, les solutions ingénieuses et efficaces qu’elles auront imaginées », souligne l’AID.
Renseignements et inscription : https://www.defense.gouv.fr/content/download/624544/10388531/file/Support%20CoHoMa.pdf