Le Mali serait sur le point de signer un accord avec la société militaire privée russe Wagner
Le 24 août, en marge du forum « Armée 2021 », organisé dans les environs de Moscou, le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, a rencontré Alexandre Formine, d’adjoint de son Sergueï Choïgou, son homologue russe.
« Les parties ont discuté en détail des projets de coopération existants dans le domaine de la défense, ainsi que des questions de sécurité régionale en Afrique de l’Ouest », a alors fait savoir le ministère russe de la Défense, avant de souligner « l’importance » de la relation russo-malienne.
Deux ans plus tôt, et alors que le président Ibrahim Boubakar Keïta était encore en fonction, le Mali et la Russie avaient signé une accord de défense portant notamment sur la « formation de spécialistes militaires », la « copération dans les opérations de maitien de la paix » et la « lutte contre le terrorisme ».
Pour Moscou, il s’agissait ainsi de renouer avec un pays qui s’était tourné vers l’Union soviétique une fois son indépendance acquise, en 1961. En outre, M. Choïgou avait affirmé que la Russie était « prête à contribuer à la normalisation de la situation au Mali et à la création de conditions pour une paix et une stabilité durables ».
Par la suite, il fut rapporté que des employés de la société militaire privée [SMP] russe Wagner avaient séjourné à Bamako. Et une source confia à l’AFP que la décision de faire venir des mercenaires russes au Mali venait d’être « entérinée lors du sommet Russie-Afrique », organisé à Sotchi en octobre 2019. Leur mission? Assurer le soutien technique des hélicoptères d’attaque Mil Mi-35M livrés par Moscou à l’armée malienne. Dans le même temps, la force française Barkhane dut faire face à une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux.
Le putsch d’août 2020, fomenté par le colonel Assimi Goïta, ne remit pas en cause ce rapprochement avec Moscou. Bien au contraire. En effet, deux des conjurés – les colonel Diaw et Camara – avaient suivi un stage en Russie avant le coup d’État contre le président Keïta.
En mai, et alors que les autorités de transition maliennes s’apprêtaient à former un nouveau gouvernement – dont le colonel Camara devait être exclu – le colonel Goïta, alors vice-président, siffla la fin de la partie avec un second coup de force.
« Quand vous prenez le colonel Sadio Camara, on lui reprochait d’être très proche […] de la Russie au détriment des autres partenaires comme la France. C’est une des raisons également qui justifiait son éviction parce qu’il s’apprêtait à signer des conventions, et pas des moindres, avec la Russie. On se rend compte effectivement qu’il y a des enjeux géopolitiques et géostratégiques. Il y a des puissances internationales également qui sont à la manœuvre et qui, aujourd’hui, jouent des intérêts gros au Mali », avait alors expliqué Étienne Fakaba Sissoko, directeur du Centre de recherche d’analyses politiques, économiques et sociales du Mali, à Deutsche Welle.
C’est dans ce contexte, également marqué par l’évolution annoncée du dispositif militaire français au Sahel, que, s’appuyant sur les confidences de sept sources diplomatiques et sécuritaires, l’agence Reuters a avancé que Bamako serait proche de conclure un accord avec la SMP Wagner afin de former les soldats des Forces armées maliennes [FAMa].
Dans le détail, et selon les sources en question, l’accord porterait sur l’envoi au Mali d’un millier de mercenaires russes. Et la rétribution de Wagner s’éleverait à environ 9,15 millions d’euros par mois, en plus d’un accès à trois gisements miniers, dont deux d’or et un de magnésium.
L’existence de ce projet d’accord entre Bamako et la SMP Wagner a été confirmé par Jeune Afrique. L’hebdomadaire précise que la « protection des hautes personnalités » ferait partie de la mission des mercenaires russes.
Cela étant, le colonel Baba Cissé, porte-parole du président Goïta, a démenti ce projet d’accord. « Ce sont des rumeurs. Les officiels ne commentent pas les rumeurs », a-t-il dit, selon Reuters. De son côté, le ministère malien de la Défense a affirmé que si « l’opinion publique malienne est favorable à une coopération accrue avec la Russie vu la situation sécuritaire », « aucune décison n’a été prise sur la nature de cette coopération ».