La Corée du Nord a testé un nouveau missile de croisière, d’une portée de 1500 km

Le 21 mars dernier, et alors qu’il était avancé que la nouvelle administration américaine allait changeait d’approche à son égard, après l’échec des discussions initiées par le président Trump, la Corée du Nord procéda au lancement de de deux missiles de croisière, a priori de courte portée. Ce qui était passé relativement inaperçu, le Pentagone ayant minimisé l’importance de ces tirs, estimant que les engins testés entraient dans la « catégorie des activités militaires normales » nord-coréennes.

Effectivement, seuls les missiles balistiques sont concernés par les sanctions prises à l’égard de Pyongyang par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Aussi, le ton ne fut plus le même quand, quelques jours plus tard, le 25 mars, la Corée du Nord tira deux engins de ce type, probablement des KN-23, dont le fonctionnement est similaire aux Iskander russes ou aux DF-15/M9 et B-611 chinois, dans la mesure où leur trajectoire semi-balistique donne la possibilité de les manoeuvrer avant d’atteindre leur cible. Ce lancement […] « signale le début d’une pression de Pyongyang sur Washington pour des discussions sur le nucléaire », avait estimé Yoo Ho-yeol, professeur émérite d’études nord-coréennes à l’Université de Corée, cité par l’AFP.

Cela étant, en fonction de leur portée et de la charge militaire qu’ils sont susceptibles d’emporter [conventionnelle, voire nucléaire], les missiles de croisière n’en sont pas moins dangereux… D’autant plus que leur trajectoire les rend plus difficiles à détecter et donc à intercepter.

D’où la réaction du Pentagone après que l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a annoncé que Pyongyang venait d’effectuer avec succès des tirs d’essais d’un « nouveau missile de croisière longue portée, qualifié d’arme « stratégique de grande importance ».

« Nous connaissons les informations sur les lancements de missiles de croisière de la République populaire démocratique de Corée. Nous continuerons de surveiller la situation et consulterons étroitement nos alliés et partenaires. Cette activité montre la poursuite par le Nord du développement de son programme militaire et les menaces pesent sur ses voisins et la communauté internationale. L’engagement américain pour la défense de la république de Corée et du Japon reste ferme », a réagi le commandement américain pour l’Indo-Pacifique, via un communiqué.

Selon KCNA, les missiles ont parcouru 1500 km avant d’atteindre leur cible, dont la nature n’a pas été précisée. « L’efficacité de ce système d’armement a confirmé son excellence », a-t-elle assuré, évoquant une « arme de dissuasion » destinée à « contrer les manoeuvres militaires des forces hostiles ».

En tout cas, ce missile de croisière traduit une nouvelle avancée technologique pour la Corée du Nord, qui a peut-être bénéficié d’une aide extérieure étant donné qu’il aurait été mis au point en peu de temps. En effet, le développement de tels engins aurait été lancé en 2019, « dans le cadre d’un plan quinquennal », a indiqué Hong Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale [KINU], cité par l’agence sud-corénne Yonhap.

Cela étant, l’expert Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute for International Studies, a indiqué, via Twitter, que la Corée du Nord disposerait déjà d’un missile de croisière à lancement aérien [ALCM pour air-launched cruise missile] qui, désigné KN-05, aurait été conçu à partir d’un engin Kh-35 d’origine russe. En tout, le modèle qui vient d’être testé est « nouveau système, fait pour passer sous les radars de défense anti-missile », capable « d’atteindre des cibles en Corée du Sud et au Japon », a-t-il souligné.

D’habitude, à Séoul, le Comité des chefs d’état-major interarmées [JCS] ne tarde jamais à communiquer sur les essais nord-coréens de missiles… balistiques. Cette fois, il est resté muet, sauf pour indiquer qu’une « analyse approfondie était en cours, menée en coopération étroite avec les services de renseignement militaires américains ».

À noter que l’annonce faite par Pyongyang survient quelques jours après le lancement réussi d’un missile de croisière de type Hyunmoo 4-4 depuis le nouveau sous-marin sud-coréen Dosan Ahn Chang-ho.

Quant au gouvernement japonais, il s’est dit « très préoccupé » par ce missile de croisière nord-coréen, perçu comme une « menace pour la paix et la sécurité du Japon et la région alentour ».

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