Pour le secrétaire général de l’Otan, la Chine doit s’associer aux efforts en matière de maîtrise des armements
Pendant et après la Guerre Froide, les traités de maîtrise des armements ont surtout concerné les États-Unis et l’Union soviétique [et ensuite la Russie], ce qui était logique compte tenu de la taille de leurs arsenaux respectifs d’armes nucléaires. Seulement, la donne a depuis changé.
Ainsi, d’autres pays, comme l’Inde, le Pakistan et, plus récemment, la Corée du Nord, se sont dotés de l’arme nucléaire. Et la Chine qui, jusqu’alors, se contentait d’un arsenal relativement modeste [un peu plus de 200 armes, ndlr], serait en train d’accroître sensiblement le format de ses forces stratégiques. Et il est prêté à Pékin l’intention de se doter de plus de 1’000 têtes nucléaires.
En 2019, alors que le traité New Start [Strategic Arms Reduction Treaty], signé par Washington et Moscou, allait arriver à expiration, l’administration Trump estima qu’il fallait l’étendre à la Chine et y inclure les armes hypersoniques.
« Nous devons nous assurer que toutes les parties concernées y participent aussi », avait expliqué Mike Pompeo, alors chef de la diplomatie américaine, en faisant allusion à Pékin. « Il se peut que nous ne coopérions qu’avec les Russes sur ce dossier. Mais si on parle de […] capacités nucléaires qui représentent un risque pour les Etats-Unis, c’est un nouveau monde aujourd’hui », avait-il insisté.
L’idée d’associer Pékin aux efforts de maîtrise des armements avait déjà été avancée au moment où le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] venait d’être dénoncé par les États-Unis, lesquels avaient accusé la Russie de s’être affranchie de ses obligations pour avoir déployé le missile 9M729. Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’y était dit favorable… Et même le président russe, Vladimir Poutine, ne s’y était pas formellement opposé.
Seulement, la Chine refusa… pour la simple et bonne raison que cela l’aurait privée d’une bonne partie de son arsenal. Et, évidemment, il n’était pas non plus question pour Pékin de s’associer au traité New Start.
Quoi qu’il en soit, après l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, ce texte, qui limite les arsenaux russes et américains à 1’550 têtes nucléaires déployées et à 700 lanceurs stratégiques, a été prolongé, en l’état, pour cinq ans de plus.
Or, il se trouve que, dans le même temps, la Chine construit, à marche forcée, plus de 250 nouveaux silos de lancement pour ses missiles balistiques intercontinentaux de type DF-41 et DF-31AG.
D’où les propos tenus par M. Stoltenberg, à l’occasion la conférence annuelle de l’Otan sur la maîtrise des armements, ouverte le 6 septembre à Copenhague [Danemark].
« L’arsenal nucléaire de la Chine se développe rapidement, avec plus d’ogives et des vecteurs plus sophistiqués. Elle construit un grand nombre de silos à missiles, ce qui peut augmenter considérablement sa capacité nucléaire. Tout cela se passe sans aucune limitation, ni contrainte. Et avec un manque total de transparence », a d’abord souligné le secrétaire général de l’Otan.
Aussi, a-t-il estimé, la « Chine, en tant que puissance mondiale, a le devoir de s’associer aux efforts déployés dans le domaine de la maîtrise des armements ». Un voeu pieux… tant il est improbable que Pékin accepte de se plier à une telle demande. « Le nombre d’ogives nucléaires » de l’Armée populaire de libération [APL] « doit atteindre la quantité qui fait frissonner les élites américaines si elles envisagent de s’engager dans une confrontation militaire avec la Chine », avait ainsi affirmé le Global Times, quotidien qui n’est autre que la voix du Parti communiste chinois [PCC], en mai dernier.
Par ailleurs, M. Stoltenberg a également défendu l’idée d’inclure les technologies émergentes [armes hypersoniques, intelligence artificielle, systèmes d’armes autonomes, etc…] dans les accords de maîtrise des armements.