La Marine rappelle son intérêt pour l’espace en dévoilant un aperçu des capacités du navire « Monge »

Mis en service en novembre 1992, le Bâtiment d’essais et de mesures [BEM] « Monge » est le deuxième plus grand navire de la Marine nationale après le porte-avions Charles de Gaulle.

Avec ses 230 mètres de long [pour 25 mètres de large] et 21’000 tonnes de déplacement [à pleine charge, ndlr], il dispose de capacités qui, n’ayant aucun équivalent en Europe, lui permettent de collecter et d’exploiter les paramètres d’un missile en vol ainsi que de surveiller les satellites et les débris spatiaux en orbite pour le compte du Centre nationale des études spatiales [CNES] et du Commandement de l’Espace [CdE].

Pour cela, le Monge est notamment équipé de trois radars de trajectographie et d’analyse assurant un suivi aérien de haute précision, dont le « NORMANDIE » [NOuveau Radar du Monge pour ANalyse, Détection et Identification Électromagnétique], fonctionnant en bande L, de six antennes de télémesure, d’une une station optique dotée d’une tourelle optronique réalisant des observations dans le visible et l’infrarouge ainsi que d’une station météo/aérologie pour mesurer les caractéristiques aérologiques de la zone de rentrée atmosphérique d’un missile balistique.

Et, pour faire fonctionner l’ensemble, le Monge est en mesure de produire assez d’énergie pour alimenter une ville de 15’000 habitants, grâce à ses six diesels alternateurs développant chacun 1’500 KW.

Le BEM Monge est un navire plutôt discret, dans le sens où il ne fait que très rarement parler de lui. Il en est en effet surtout question quand un essai de missile balistique M51 est effectué, sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA].

Quant à ses capacités, il est régulièrement avancé que trois de ses radars sont les plus puissants d’Europe, ce qui lui permettrait de « repérer une pièce de 2 euros à 800 kilomètres » d’altitude. En 2013, un de ses marins confia à l’hebdomadaire « Le Point » qu’il avait été demandé au « Monge » de « repérer une clé à molette perdue en orbite par un astronaute américain » de la Station spatiale internationale [ISS] car « elle pouvait mettre en danger certains satellites ».

Ce 7 septembre, soit à quelques jours du premier anniversaire de l’armée de l’Air & de l’Espace, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a rappelé que les marins s’intéressent de près à ce qui se passe en orbite en publiant une vidéo pour donner un [léger] aperçu des capacités du Monge.

« La Station spatiale internationale se trouve à 400 km au-dessus de la surface de la mer. Les puissants radars du bâtiment d’essais et de mesures Monge, qui recueillent habituellement des données sur les tirs de missiles balistiques dans le cadre de la dissuasion océanique, ont réussi à l’observer! », a lancé l’amiral Vandier, via Twitter.

Et d’ajouter : « La Marine Nationale a souvent le regard et les capteurs tournés vers le ciel et l’espace. Les satellites lui permettent de conduire ses opérations de surveillance et de lutte contre les trafics,de communiquer à tous les endroits du globe et de recueillir des données scientifiques ».

Effectivement, on peut voir nettement l’ISS sur les images que le CEMM a diffusées. Et la Marine nationale a profité de l’occasion pour interpeller le spationaute Thomas Pesquet, en lui demandant s’il était « capable de distinguer » ses « bateaux depuis l’espace ». L’intéressé n’a pas encore répondu.

Évidemment, repéré un navire en mouvement dans l’immensité des océans n’est pas forcément une tâche aisée. Cela étant, dans les années 1960, l’astronaute américain Gordon Cooper avait profité d’une mission à bord d’une vaisseau Gemini pour établir une carte recensant une centaine d' »anomalies » susceptible de correspondre à des bateaux coulés en mer des Caraïbes. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à une récente série documentaire.

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