La Turquie et le Qatar sont à la manoeuvre pour la réouverture de l’aéroport de Kaboul

Devant assurer la sécurité de l’aéroport international de Kaboul après le retrait des troupes américains, la Turquie, a dû, comme les autres membres de l’Otan, plier bagage avant le 31 août dernier. Pour autant, elle n’a pas renoncé à l’idée de garder une influence en Afghanistan. Et pour cela, elle compte s’appuyer sur l’un de ses plus proches alliés, à savoir le Qatar, lequel est un interlocuteur privilégié des talibans, ceux-ci ayant ouvert un bureau politique à Doha.

D’ailleurs, le 1er septembre, le premier avion à se poser à Kaboul après le départ des derniers militaires américains aura été un C-17A Globemaster III des forces aériennes qatarie, avec, à son bord, une équipe technique chargée d’aider à la réouverture de l’aéroport. Et cela, à la demande des talibans.

« Même si aucun accord final n’a été obtenu sur la fourniture d’une assistance technique, une équipe du Qatar a entamé une discussion sur la base d’une requête » du mouvement taleb et d’autres protagonistes, a en effet explique une « source proche du dossier », citée par l’AFP. « Les discussions sont toujours en cours sur les questions de sécurité », a-t-elle ajouté, précisant que « l’objectif est de reprendre les vols vers et en provenance de Kaboul, pour l’assistance humanitaire et pour assurer la liberté de mouvement de façon sûre et en sécurité, y compris la reprise des évacuations ».

Aussi, la Turquie entend profiter de l’entregent du Qatar pour renforcer son influence auprès des talibans… et en Asie centrale. Le 2 septembre, le minstre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a affirmé qu’Ankara « évaluait les plans de réouverture de l’aéroport de Kaboul », lequel est essentiel pour le régime taleb s’il veut maintenir des échanges avec le monde extérieur, ne serait-ce que pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Mais pour cela, encore faut-il que la sécurité y soit assurée.

« La sécurité doit être établie de manière à ce que tout le monde ait confiance. Nous avons fait part de nos réflexions à ce sujet aux talibans », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie turque, lors d’une conférence de presse donnée au côté de Sigrid Kaag, son homologue néerlandaise.

Selon M. Cavusoglu, la réouverture de l’aéroport de Kaboul pourrait se faire en deux étapes : d’abord les vols militaires, puis ensuite les vols commerciaux . « Maintenant, les talibans et certains pays demandent à coopérer avec nous. Nous évaluons tout cela », a-t-il insisté.

Dans un entretien au quotidien italien La Repubblica, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a confirmé le rôle d’Ankara et de Doha. « Le Qatar et la Turquie vont travailler au redémarrage de l’aéroport. Dans les trois prochains jours, tout sera enfin propre et dans peu de temps, tout sera reconstruit. J’espère qu’il sera de nouveau opérationnel en septembre », a-t-il dit.

Par ailleurs, Pékin va rafler la mise en Afghanistan, à en croire les propos du responsable taleb. « La Chine est notre principal partenaire et représente pour nous une opportunité fondamentale et extraordinaire car elle est prête à investir et à reconnaître notre pays. Nous sommes très attachés au projet des ‘nouvelles routes de la soie’. Nous avons aussi des mines de cuivre qui, grâce aux chinois, vont pouvoir reprendre vie et se moderniser. Enfin, la Chine est notre passeport vers les marchés du monde entier », a-t-il expliqué, sans parler de l’exploitation du lithium, qui est un autre enjeu….

Pour rappel, la Chine est une proche alliée du Pakistan… qui, lui-même, a d’excellentes relations avec la Turquie.

Quant à la Russie, elle sera l’autre grande gagnante de la nouvelle donne à Kaboul. « Nous continuons d’entretenir d’excellentes relations avec un partenaire aussi important et fondamental pour la région qu’est la Russie. Les relations avec Moscou sont principalement politiques et économiques », a assuré Zabihullah Mujahid.

En attendant, ce 3 septembre, via les sites de suivi du trafic aérien, deux avions de transport turcs A400M « Atlas » [indicatifs : TUAF740 et TUAF741] ont été repérés alors qu’ils se rendaient visiblement à Kaboul. Même chose pour un autre C-17A Globemaster III qatari.

Photo : C-17A qatari

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