L’Irak envisagerait l’achat de 12 hélicoptères d’attaque T-129 et de drones Bayraktar TB-2 auprès de la Turquie

Ces dernières années, les relations entre Bagdad et Ankara ont été particulièrement tendues, en raison des opérations militaires menées par la Turquie contre les positions tenues par le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK] dans le nord de l’Irak et le déploiement de forces turques à Bashika [province de Ninive] quand l’État islamique [EI ou Daesh] accentuait son contrôle de la région.

Et les autorités irakiennes, qui prêterent à Ankara le dessein de s’emparer de Mossoul [ville qui, autrefois, faisait partie de l’Empire Ottoman, ndlr], peuvent toujours émettre des protestations et convoquer l’ambassadeur turc en poste à Bagdad… Rien n’y fait : la Turquie occupe toujours la base de Bashika et multiplie ses incursions en territoire irakien dans le cadre de l’opération « Griffes du tigre », avec des frappes contre le PKK effectuées quasi-quotidiennement.

Cependant, Bagdad et Ankara peuvent avoir des intérêts communs. Comme en 2017, quand le Kurdistan irakien organisa un référendum en vue de proclamer son indépendance. Une perspective dont les autorités irakiennes et turques ne voulaient pas entendre parler…

Cela étant, en dépit de ces relations compliquées, il est prêté à l’Irak l’intention de se procurer 12 hélicoptères d’attaque ATAK T129, des drones Bayraktar TB2 et six systèmes de guerre électronique Koral auprès de la Turquie. C’est en effet ce qu’aurait déclaré Juma Inad Saadoun Al-Jubouri, le ministre irakien de la Défense, en marge du salon de l’armement IDEF 2021, qui s’est tenu à Istanbul la semaine passée.

À partir de 2014, la Russie a livré aux forces irakiennes des hélicoptères d’attaque Mil Mi-28 Havoc et Mil Mi-35 « Hind ». Ces appareils ont évidemment été engagés dans les opérations contre l’État islamique. Seulement, il pourrait être plus compliqué pour Bagdad de commander des appareils supplémentaires auprès de Moscou, en raison notamment de la loi américain dite CAATSA, qui prévoit des sanctions contre les pays clients de l’industrie russe de l’armement. D’où la solution que représente l’hélicoptère T-129, développé par Turkish Aerospace, sur la base de l’Agusta A129 italien.

Toutefois, la Turquie ayant été sanctionnée par Washington pour avoir acquis des systèmes russes de défense aérienne S-400, il n’est pas certain qu’elle puisse obtenir une licence d’exportation pour les turbines LHTEC T800 qui, produites par Rolls Royce et Honeywell Aerospace, équipent le T-129… Cependant, Washington pourrait accorder une dérogation, comme cela été récemment le cas pour les Philippines.

Quant aux Bayraktar TB2, qui ont démontré leurs capacités en Syrie, en Libye, au Haut-Karabakh… et dans le nord de l’Irak, leur achat éventuel par Bagdad viserait à remplacer les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] CH-4B acquis auprès de la Chine. Sur les 20 appareils livrés, 8 ont été perdus et les 12 autres sont cloués au sol depuis près de deux ans, faute de pièces de rechange pour les maintenir opérationnels.

Enfin, l’intérêt du ministre irakien de la Défense pour le système de guerre électrnonique mobile Koral, conçu par Aselsan, reste à éclaircir… Ce dispositif sert en effet à brouiller et à leurrer des radars [aériens, terrestres, maritimes] dans un rayon de 200 km… Par conséquent, une telle capacité peut être utilisée contre une force étatique et non contre un groupe comme Daesh.

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