Les talibans auraient réussi à remettre en marche un hélicoptère UH-60 Black Hawk

Faute de disposer d’un inventaire précis, il est difficile de connaître avec exactitude le nombre d’aéronefs qui étaient en dotation au sein de des forces afghanes avant leur déroute face aux talibans. Fin juillet, Haji Ajmal Rahmani, un parlementaire afghan, avait parlé de 150 appareils, dont un tiers n’étaient alors pas en état de voler. Au même moment, un rapport du SIGAR [Special Inspector General for Aghanistan Reconstruction], un organisme relevant du Pentagone, évaluait, au 30 juin, à 211 le nombre d’avions et d’hélicoptères en service [et livrés par les seuls États-Unis], dont 167 étaient opérationnels [.pdf].

Plus récemment, Alexander Mikheev, le directeur général de Rosoboronexport, l’agence chargée de l’exportation des équipements militaires russes, a affirmé que l’aviation militaire afghane avait reçu « plus de 100 hélicoptères Mi-17 de différents types ». Et, selon lui, « cette flotte nécessitant des réparations, de l’entretien et un approvisionnement en pièces de rechange », il est probable qu’une « grande partie de cette flotte soit déjà clouée au sol ».

En tout cas, selon le SIGAR, 56 Mil Mi-17 figuraient dans l’inventaire afghan en juin, dont 32 étaient en état de voler. Ces hélicoptères avaient été acquis par les États-Unis afin de renforcer les capacités de transport des forces afghane. Ce choix s’expliquait notamment par la rusticité de cet appareil et, surtout, pour ses performances adaptées à la géographie de l’Afghanistan. Un premier lot avait ainsi été commandé en 2005.

Puis, avec les sanctions prises après l’annexion de la Crimée par la Russie, le Pentagone changea son fusil d’épaule et décida de livrer à l’armée afghane des hélicoptères UH-60 Black Hawk, prélevés dans les surplus de l’US Army. Un choix qui fut controversé à l’époque…

En effet, déjà que la force aérienne afghane peinait à maintenir en état de vol ses Mi-17, l’UH-60 Black Hawk allait être encore plus difficile à entretenir. D’ailleurs, leur maintenance fut confiée à des sous-traitants étrangers, qui ont désormais plié bagages depuis les talibans sont de nouveau les maîtres de l’Afghanistan. Au 30 juin, selon le SIGAR, 33 appareils étaient opérationnels sur les 45 livrés, avec seulement 28 équipages aptes à les piloter.

Juste après la chute de Kaboul, quelques dizaines d’aéronefs de la force aérienne afghane ont atterri en Ouzbekistan et au Tadjikistan. Quant aux autres, ils sont désormais sous le contrôle des talibans. Il est peu probable que ces derniers soient en mesure de les faire voler, d’autant plus que, avant de prendre le pouvoir du pays, ils avaient mené une campagne d’assassinats ciblés contre les aviateurs afghans.

Cependant, une vidéo, diffusée le 25 août via les réseaux sociaux, suggère que les talibans envisagent d’utiliser les aéronefs qu’ils ont saisis. En effet, on y voit un UH-60 Black Hawk au roulage sur le tarmac de l’aéroport de Kandahar. L’appareil, ont affirmé les talibans, serait désormais prêt à voler après avoir été « remis en état ». Cela étant, les images ne le montrent pas en train de décoller… Ce qui relativise la portée de cette affirmation [s’il avait pu le faire, nul doute que la scène aurait été filmée…], qui relève de la propagande.

Quant à celui qui a été capable de démarrer les turbines de cet hélicoptère, on ne peut qu’émettre des suppositions… Il est probable que ce soit un ancien pilote ou technicien de la force aérienne afghane. A-t-il été contraint de le faire?

Quoi qu’il en soit, et faute d’une aide extérieure [à noter que la Chine pourrait apporter son expertise étant donné qu’elle avait acquis une version civile Black Hawk, dans les années 1980, ndlr], il est improbable que les talibans puissent utiliser ces UH-60, à l’instar, d’ailleurs, des autres aéronefs qu’ils ont récupérés, comme les avions d’attaque légers A-29 Super Tucano et Cessna 208, les C-130 Hercules [3 étaient opérationnels au début de l’été] ou encore les hélicoptères MD-350.

Cela étant, le cas d’autres types d’appareils, en particulier ceux qui étaient mis en oeuvre par les forces spéciales afghanes, est plus épineux. Les États-Unis avaient ainsi livré à l’Afghan Special Mission Wing des Pilatus PC-12/47E qui étaient utilisés pour des missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance]. On ne connaît pas les performances de leurs capteurs embarqués… Mais probablement que certains services de renseignement aimeraient s’en faire une idée précise. Selon les informations disponibles, 12 de ces appareils ont trouvé refuge dans les pays voisins [11 en Ouzbékistan et 1 au Tadjikistan], sur les 18 qui étaient en service.

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