L’armée allemande va déployer un ballon captif de surveillance pour protéger une base au Niger

En 2019, le magazine de la Bundeswehr, « Y », avait publié un reportage au sujet de la formation assurée par des commandos de ses forces spéciales au profit de l’armée nigérienne… alors que le Bundestag n’avait pas donné son feu vert à une telle mission.

Ce que le commissaire parlementaire auprès des forces armées allemandes, qui était alors Hans-Peter Bartels, ne manqua pas de faire remarquer, en soulignant le risque de voir les commandos allemands – en l’occurrence les nageurs de combat de la Deutsche Marine [Verwendungsgruppe 3402] – être impliqués dans des opérations de combat. Risque

Cependant, le chef d’état-major de la Bundeswehr, le général Eberhard Zorn, relativisa ce risque pour justifier le fait que cette mission, appelée « Gazelle », n’avait pas besoin d’avoir l’approbation du Bundestag pour être menée. Depuis, elle a été intégrée à la participation allemande à l’EUTM Mali, la mission de formation conduite par l’Union européenne au profit des forces armées maliennes [FAMa]. Et elle a même pris de l’ampleur.

Ainsi, le 16 juillet dernier, le Niger a inauguré un centre d’entraînement pour ses forces spéciales qui, situé à Tillia, près de la frontière avec le Mali, a été construit avec l’aide de l’Allemagne.

« Le centre d’entraînement des forces spéciales du Niger est pour nous un projet phare. Le Niger l’avait proposé et nous, par conviction, nous avons soutenu ce plan », avait alors affirmé Hermann Nicolai, l’ambassadeur allemand en poste à Niamey.

Est-ce pour assurer la protection de cette nouvelle emprise que Rheinmetall va livrer à la Bundeswehr un exemplaire d’un aérostat de type « Eye in the Sky »? En effet, le 25 août, l’industriel a indiqué que la Bundeswehr venait de lui commander un « système de reconnaissance de zone par ballon captif pour protéger une base d’opérations avancée au Niger » pour un montant net de plus de 21 millions d’euros.

Le contrat sera exécuté par la filiale canadienne de Rheinmetall. Celle-ci sera ainsi chargée d’intégrer une suite de capteurs à ce ballon de surveillance. « Capables de rester au-dessus de l’installation à protéger pendant de longues périodes, ces aérostats peuvent repérer des éléments hostiles à grande distance grâce à leurs capteurs très sensibles », est-il expliqué dans le communiqué. Les forces américaines en utilisent depuis longtemps…

En outre, Rheinmetall assure qu’un tel dispositif permet de réduire de 50% la probabilité d’une attaque par des forces hostiles. Évidemment, plus des assaillants sont repérés tôt, plus une force de protection a le temps de lancer les contre-mesures nécessaires.

« Dans le cadre de la solution opérateur attribuée par la Bundeswehr, Rheinmetall s’est engagé à faire fonctionner le système au Niger 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Des soldats actionneront les capteurs du système via des postes de travail au sol », a conclu l’industriel.

En France, l’idée d’avoir recours à des ballons ainsi qu’à des dirigeables [autres que ceux utilisés par l’escadron 92.532 Syderec pour assurer la continuité des communications des forces stratégiques françaises, nldr] avait été avancée en 2019 par le général Michel Grintchenko, alors commandant de l’Aviation légère de l’armée de Terre [COMALAT].

« Ma vision est que, pour recueillir du renseignement, il faut un vecteur aérien porteur d’un ou de plusieurs capteurs. En fonction de la mission, de la menace, de la météo, du plafond nuageux, ce pourrait être un Rafale, un Atlantique 2, un hélicoptère, un drone lent ou rapide, voire un ballon ou un dirigeable, qui referont probablement surface, car ils offrent des coûts de possession très réduits. Je crois dur comme fer en la complémentarité des différents vecteurs », avait-il en effet estimé.

Plus tard, la Direction générale de l’armement [DGA] a mené des expérimentations dans le cadre du programme CERBERE [Capacité expérimentale ROEM pour ballons et aérostats légers] en matière de recueil du renseignement d’origine électromagnétique.

Photo : Rheinmetall

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