Les talibans ne veulent pas que les civils afghans les plus qualifiés soient exfiltrés par les Occidentaux

Lancée peu après la prise du pouvoir par les talibans, l’opération APAGAN, qui vise à évacuer les ressortissants français ainsi que les civils afghans potentiellement menacés par le nouveau régime, pourrait bien se terminer le 26 août, soit cinq jours avant le retrait des militaires américains, sans lequels aucune exfiltration depuis l’aéroport de Kaboul ne serait possible.

« Pour nous, en termes de rétroplanning, cela veut dire que notre opération se termine jeudi soir. Donc il nous reste trois jours », a en effet expliqué Nicolas Roche, le directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. Ce qui veut qu’il n’y a plus beaucoup de temps pour évacuer les 62 ressortissants français encore présents en Afghanistan…

Depuis le 15 août, l’opération APAGAN a permis d’évacuer 2’000 personnes environ, sur les 60’000 étrangers et civils afghans qui ont déjà pu quitter l’Afghanistan grâce aux moyens militaires déployés par d’autres pays occidentaux, États-Unis en tête. Et, au regard des demandes d’exfiltration en cours de traitement, il ne sera manifestement pas possible d’exfiltrer tout le monde d’ici au 31 août.

D’autant plus que les talibans restreignent l’accès à l’aéroport de Kaboul. En outre, ceux-ci ne veulent pas entendre parler d’un éventuel report à une date ultérieure du retrait des militaires américains. Ce serait même une « ligne rouge » pour eux.

Ce 24 août, et alors que les dirigeants du G7 [États-Unis, France, Japon, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Canada] devaient tenir une vidéoconférence pour évoquer justement un tel report, les talibans ont haussé le ton, par la voix de Zabihullah Mujahid, un de leurs porte-paroles.

Les Occidentaux « ont des avions, ils ont l’aéroport, ils devraient emmener leurs ressortissants […] hors d’ici. Mais ils ne devraient pas encourager les Afghans à fuir l’Afghanistan », a-t-il en effet déclaré. « Nous leur demandons d’arrêter cela […] Ce pays a besoin de son expertise », et ces gens qualifiés « ne devraient pas être emmenés vers d’autres pays », a insisté le responsable taleb.

En outre, ce dernier a également assuré que les femmes afghanes employées par l’administration publique pourront retrouver leur travail « lorsque la sécurité sera assurée ». Et d’ajouter : « Nous voulons qu’elles travaillent, mais aussi que la sécurité soit bonne ».

Par ailleurs, et selon le Washington Post, le directeur de la CIA, William Burns, s’est entretenu, à Kaboul, avec le mollah Baradar, l’u des hauts dirigents du mouvement taleb, qui avait d’ailleurs participé aux négociations ayant abouti à l’accord de Doha, signé le 29 février 2020. La teneur de leurs discussions n’a pas été précisée.

Par ailleurs, et selon le Washington Post, le directeur de la CIA, William Burns, s’est entretenu, à Kaboul, avec le mollah Baradar, l’u des hauts dirigents du mouvement taleb, qui avait d’ailleurs participé aux négociations ayant abouti à l’accord de Doha, signé le 29 février 2020. La teneur de leurs discussions n’a pas été précisée. Probablement a-t-il été question d’al-Qaïda, les talibans ayant pris l’engagement d’empêcher le retour de l’organisation terroriste en Afghanistan. Engagement qui n’a visiblement pas été tenu.

Photo : Minsitère des Armées

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