Les talibans lancent une offensive contre le mouvement de résistance retranché dans la vallée du Panchir

La semaine passée, et alors que les talibans venaient de prendre le contrôle de Kaboul [et donc le pouvoir], après vingt ans de présence militaire américaine, le fils du commandant Massoud, qui fut l’un de leurs principaux opposants jusqu’à son assassinat, le 9 septembre 2001, a lancé un appel à la résistance dans la presse occidentale.

« J’ai reçu en héritage de mon père, le héros national et Commandant Massoud, son combat pour la liberté des Afghans. Ce combat est désormais le mien, sans retour. Mes compagnons d’armes et moi allons donner notre sang, avec tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j’appelle à me rejoindre dans notre bastion du Panchir, qui est la dernière région libre de notre pays à l’agonie », a en effet affirmé Ahmad Massoud, dès le 15 août.

Puis, quatre jours plus tard, dans les colonnes du Wahington Post, il a assuré qu’il avait été rejoint par des soldats de l’armée nationale afghane [ANA], dégoûtés par l’attitude de leurs chefs face aux talibans, ainsi que par d’anciens commandes des forces spéciales. Et de demander aux pays occidentaux, États-Unis en tête, des armes et des munitions. « L’Amérique peut encore être un grand arsenal pour la démocratie », a écrit celui qui a pris la tête d’un « Front pour la résistance ».

En outre, Ahmad Massoud a été rejoint par un ancien proche de son père, à savoir Amrullah Saleh. Ancien chef du renseignement afghan, celui-ci occupait la fonction de vice-président avant la chute de Kaboul. Et, le chef de l’État alors exercice, Ashraf Ghani, ayant quitté l’Afghanistan pour se réfugier aux Émirats arabes unis, il a fait savoir qu’il se considérait désormais comme le « président intérimaire » légitime du pays.

Ce mouvement de résistance s’est donc implanté dans la vallée du Panchir, laquelle est si difficile d’accès que, durant son aventure afghane dans les années 1980, l’Armée rouge y a vu ses offensives se briser à neuf reprises. Et les talibans n’eurent pas plus de succès par la suite.

En outre, cette région est stratégique dans la mesure où située à seulement 70 km au nord de Kaboul, son contrôle permettrait de verrouiller le trafic routier entre les provinces du nord. Mais c’est aussi sa faiblesse : contrairement à la situation qui prévalait en 2001, la vallée du Panchir est encerclée par les talibans, qui sont donc en position d’empêcher son ravitaillement et la distribution d’une éventuelle aide humanitaire, alors qu’elle accueille de nombreux réfugiés. En outre, si le commandant Massoud pouvait compter sur un soutien du Tadjikistan et l’Ouzbékistan, ce ne sera pas le cas de son fils, ces pays, proches de la Russie, ayant la volonté de se tenir à l’écart.

Quoi qu’il en soit, les talibans n’ont a priori pas l’intention que cette résistance prenne de l’ampleur [le mouvement d’Ahmad Massoud compterait déjà au moins 9’000 combattants, selon Ali Maisam Nazary, son responsable des relations extérieures] et qu’elle puisse durer.

« Des centaines de moudjahidines de l’Émirat islamique se dirigent vers l’Etat du Panchir pour le contrôler, après que des responsables locaux ont refusé de le remettre de façon pacifique », a en effet annoncé le mouvement taleb, via son compte Twitter en arabe. En outre, celui-ci ont tenté de semer la confusion en affirmant, le 20 août, qu’Ahmad Massoud lui avait prêté allégeance. Ce qui était évidemment faux.

« Nous avons toujours privilégié la paix à la guerre et nous mettrons tout en œuvre pour établir un Afghanistan pacifique. Pourtant, cette position ne doit pas être considérée comme un signe de faiblesse. nous sommes prêts à répondre à toute agression et à la vaincre. Nos 40 ans d’expérience en sont une preuve suffisante », a fait valoir Ali Maisam Nazary.

Photo : US Army

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