Cinq réfugiés afghans évacués lors de l’opération APAGAN sont soupçonnés d’être liés aux talibans

Lancée le 15 août après la prise du pouvoir par les talibans, l’opération APAGAN vise à évacuer d’Afghanistan les ressortissants français ainsi que les civils afghans suceptibles d’être menacés par les nouveaux maîtres du pays.

Or, étant donné le désordre qui règne à l’aéroport international de Kaboul et l’afflux de candidats à l’exil, l’une des difficultés pour les services diplomatiques français est de s’assurer que les personnes prises en charge dans le cadre de cette opération ont bien vocation à être évacuées. Et, visiblement, il y a eu des erreurs « d’aiguillage ».

En effet, selon le Figaro, un ressortissant afghan, Nangialay S., 26 ans, fait actuellement l’objet d’une « mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance » [MICAS] pour son appartenance présumée au mouvement taleb. Il a d’ailleurs admis son appartenance aux talibans et reconnu avoir été le responsable d’un barrage à Kaboul.

Une telle mesure peut concerner « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics et qui soit entre en relation de manière habituelle avec des personnes ou des organisations incitant, facilitant ou participant à des actes de terrorisme, soit soutient, diffuse, lorsque cette diffusion s’accompagne d’une manifestation d’adhésion à l’idéologie exprimée, ou adhère à des thèses incitant à la commission d’actes de terrorisme ou faisant l’apologie de tels actes », selon la Loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

Selon le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, qui a confirmé cette information, Nangialay S. aurait « très largement aidé à l’évacuation de l’ambassade de France ». Et d’ajouter : « Devant les difficultés extrêmement fortes de pouvoir faire des enquêtes de sécurité sur les personnes devant être rapatriées », les autorités françaises ont « accepté d’embarquer cette personne et sa famille ».

L’intéressé est arrivé en France via l’opération APAGAN. Puis il s’est rapidement vu notifier une « MICAS », comme trois de ses proches qui, d’après le ministre, « ne sont pas directement soupçonnés » pour le moment. En outre, M. Darmanin a précisé qu’un cinquième ressortissant afghan a fait l’objet d’une mesure similaire, après qu’une enquête de sécurité de la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSI] a déterminé « qu’il avait des liens avec ces personnes bien qu’étant venu séparément ».

D’après le Figaro, l’un de ce quatre autres individus aurait été vu les armes à la main dans les rues de Kaboul, pour le compte du mouvement taleb.

Pour le moment, en raison des mesures sanitaires liées à la covid-19, ces cinq Afghans ont été placés à l’isolement dans un hôtel de la banlieue parisienne. Par la suite, leurs déplacements se limiteront à leur commune de résidence. Faute de quoi, ils s’exposeront à une peine maximale de trois ans d’emprisonnement et de 45’000 euros d’amende.

Conformément à la législation, et comme le rappelle le Figaro, ils ont la possibilité de « présenter des observations écrites ou orales, dans un délai maximal de huit jours à compter de la notification » de l’arrêté du ministre, lequel « peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif compétent dans le délai maximal de deux mois à compter de sa notification ».

Via Twitter, M. Darmanin a fait valoir que « la France est humaine » mais qu’elle est « aussi vigilante ». Et d’assurer que « dans la gestion de la crise afghane, le gouvernement continuera de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité les Français, comme cela a été le cas ce week-end ».

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