La Bundeswehr envoie deux hélicoptères H145M de ses forces spéciales à Kaboul

Pour le président américain, Joe Biden, le pont aérien mis en place à Kaboul pour évacuer les ressortissants étrangers et les civils afghans menacés par les talibans est « l’un des plus importants et difficiles de l’histoire ». Et, a-t-il dit, lors d’un allocution télévisée prononcée le 20 août, « je ne peux pas promettre ce qu’en sera l’issue finale » ni qu’il n’y aura pas « de risques de pertes » en vies humaines ».

Depuis que les talibans ont pris le contrôle de la capitale afghane, le 15 août, les avions militaires, en particulier ceux de pays membres de l’Otan, enchaînent les rotations à l’aéroport international « Hamid Karzaï » de Kaboul, dont la protection est assurée par les forces américaines [6’000 hommes annoncés, soit plus que l’effectif de l’opération française Barkhane au Sahel, ndlr].

En près d’une semaine, l’US Air Force a pu évacuer 13’000 personnes, dont 823 lors d’une seule rotation assurée par un C-17 Globemaster III [indicatif Reach 871]. Un record pour ce type d’avion, qui, en temps normal, peut accueillir environ 150 parachutistes à bord. Initialement, il fut avancé que cet appareil avait transporté 640 passagers… mais les enfants n’avaient pas été pris en compte.

En raison de l’activité aérienne intense à Kaboul et de la saturation des bases américaines dans le golfe Persique, notamment celle du Qatar, les opérations ont temporairement été suspendues dans la journée du 20 août. Les États-Unis ont d’ailleurs reçu l’autorisation du gouvernement allemand d’utiliser leurs emprises militaires en Allemagne pour accueillir les réfugiés.

Cela étant, la difficulté pour les personnes susceptibles d’être évacuées est de pouvoir accéder à l’aéroport, les talibans étant accusés de traquer les civils afghans ayant travaillé pour l’Otan par le passé.

« Nous avons davantage d’avions [pour les évacuations] que de passagers [prêts à embarquer], car c’est un défi de plus en plus épineux de permettre à ces personnes d’arriver jusque dans l’aéroport », a ainsi souligné Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

Aussi, l’une des solutions consiste à regrouper les candidats à l’exil et les ressortissants étrangers à évacuer, pour ensuite les transporter à l’aéroport par hélicoptère. Vendredi [20/08], les forces américaines ont ainsi envoyé trois appareils pour aller chercher 169 personnes coincées dans un hôtel de Kaboul. Et la Bundeswehr va faire la même chose.

En effet, après avoir envoyé un A400M « Atlas » à Kaboul pour y déposer des commandos et évacuer ses premiers ressortissants [seulement 7 personnes ont pu prendre place à bord de l’appareil, à cause des difficultés rencontrées sur place], l’Allemagne vient de déployer deux hélicoptères H145M pour soutenir l’action du « Kommando Spezialkräfte » [KSK].

La Luftwaffe dipose de 15 hélicoptères H145M. Armé d’un canon de 20 mm, de mitrailleurs de 12,7 mm, de paniers à roquettes ou de missiles, cet appareil est équipé de capteurs électro-optiques, d’un système d’autoprotection, d’un dispositif de descente sur corde, d’un crochet de charge externe et d’un treuil.

À Kaboul, la mission de ces deux H145M, qui seront acheminés par deux A400M, sera de transporter les personnes en danger qui ne peuvent pas se rendre seules à l’aéroport. Selon la Bundeswehr, chaque appareil peut transporter au moins six passagers, en plus de son équipage et de deux commandos du KSK.

Le chef d’état-major de la Bundeswehr, le général Eberhard Zorn, a insisté sur les risques que prendront ces deux H145M lors de ce déploiement. « La mission est tout, sauf anodine » et « ce ne sera pas un service de taxi », a-t-il dit. « Le sauvetage par voie aérienne n’est possible que si les hélicoptères de combat américains sécurisent l’espace aérien », a-t-il continué. « On suppose que les talibans laisseront partir les hélicoptères », a-t-il ajouté, soulignant que ces derniers n’ont aucune défense aérienne.

Une autre difficulté sera d’identifier rapidement les points de rassemblement des personnes à évacuer. Et le temps passé au sol pour faire embarquer celles-ci à bord d’un H145M [pendant que l’autre assurera la couverture, nldr] devra êt le plus bref possible, afin de ne pas attirer la foule.

Par ailleurs, la Bundeswehr a insisté sur le fait que les missions de ses deux H145M se limiteront à Kaboul, aucun vol vers le nord de l’Afghanistan – notamment vers Mazar i Sharif, où elle avait déployé un important contingent avant le retrait de l’Otan – n’étant prévu. Qui plus est, l’autonomie de ces appareils ne le permettrait pas.

Au 20 août, les rotations entre Kaboul et Tachkent [Ouzbekistan] assurées par les A400M allemands avaient permis d’évacuer environ 1’600 personnes.

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