Un dirigeant sud-coréen veut que Washington donne à Séoul le contrôle de ses troupes en cas de guerre

L’évolution de la situation en Afghanistan, où le pouvoir en place a été balayé en quelques semaines par les talibans à la faveur du retrait militaire des États-Unis, n’aura pas manqué d’être exploitée par la propagande chinoise. En effet, les médias dans la ligne du Parti communiste chinois [PCC] ont pris l’exemple afghan pour affirmer que Taïwan pourrait connaître un sort identique, c’est à dire un « abandon » par les États-Unis dès que l’Armée populaire de libération [APL] tentera de réunifier l’île à la Chine continentale par la force.

En tout cas, en Corée du Sud, la politique afghane des États-Unis interroge. En temps de guerre, il est actuellement prévu que le contrôle opérationnel des troupes sud-coréennes [OPCON] soit confié aux forces américaines, qui disposent d’environ 28’500 soldats dans le pays. Sous l’ère de l’administration Trump, il était question de revoir cette disposition… D’autant plus qu’il s’agissait d’un objectif de Moon Jae-in, le président sud-coréen en exercice. Mais depuis le changement de locataire à la Maison Blanche et avec la pandémie de covid-19, cette demande de Séoul ne s’est pas encore concrétisée.

Aussi, chef de file du Parti démocrate [PD], actuellement au pouvoir à Séoul, Song Young-gil a lancé un appel pour accélérer le mouvement, compte tenu, justement, de la crise afghane.

« Le retrait américain d’Afghanistan souligne la nécessité pour la Corée du Sud de récupérer rapidement le contrôle opérationnel de ses troupes en temps de guerre », a en effet estimé Song Young-gil.

Le responsable sud-coréen a surtout réagi à un commentaire de Marc Thiessen, ancienne plume du président George W. Bush qui écrit désormais pour le Washington Post. « L’armée nord-coréenne est plus avancée que les talibans. Le fait est que la Corée du Sud ne pourrait pas se défendre sans l’aide des États-Unis. Si vous n’êtes pas d’accord, nous pouvons économique des milliards de dollars chaque année et retirer nos troupes », a estimé, via Twitter, cet éditorialiste en délicatesse avec Donald Trump.

Cette opinion est aussi partagée par… Condoleeza Rice, l’ex-cheffe de la diplomatie américaine lors du second mandat de Georges W. Bush. Dans un billet publié par le Washington Post, elle a ainsi estimé qu’un « engagement plus long » des troupes américaines en Afghanistan aurait pu éviter la situation dans laquelle ce pays se trouve désormais.

Et, pour appuyer sa démonstration, elle a cité l’exemple de la Corée du Sud, en affirmant que la présence militaire américaine dans ce pays était un « aveu que même l’armée sud-coréenne », pourtant dotée de capacités « sophistiquées », ne « peut pas dissuader la Corée du Nord à elle seule ».

Pour le chef du Parti démocrate sud-coréen, de tels propos ne sont pas acceptables. « Il est diffamatoire de comparer l’armée et l’économie avancées de la Corée du Sud à celles de l’Afghanistan », d’autant plus que les forces sud-coréennes sont « bien équipées » pour contrer la Corée du Nord, a-t-il estimé.

Cependant, il a également admis que « l’alliance entre Séoul et Washington restait nécessaire pour maintenir un équilibre des pouvoirs ainsi que la paix en Asie du Nord-Est et dissuader les provocations de la Corée du Nord ». Mais, a-t-il insisté, « la légitume défense est tout aussi importante que l’alliance, et c’est pourquoi le Sud doit accélérer le transfert de l’OPCON ».

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