Confusion autour du sort des aéronefs de la force aérienne afghane encore en état de vol

Il y a trois semaines, des élus afghans ont fait part de leurs préoccupations au sujet de l’avenir de leur force aérienne, qui était alors d’autant plus très sollicitée pour contrer l’offensive menée par les talibans que le soutien aérien jusqu’alors fourni par les États-Unis venait de prendre fin.

En outre, le retrait américain posait la question du maintien en condition opérationnelle [MCO] des quelque 150 aéronefs en service au sein de la force aérienne afghane. Or, selon un parlementaire afghan, un tiers de ceux-ci n’étaient déjà plus en état de voler.

D’ailleurs, certains d’entre-eux ont été saisis lors de l’avancée rapide des talibans, comme, à Kunduz, l’un des quatre hélicoptères Mil Mi-24 fournis par l’Inde. À noter que des drones ScanEagle, fournis par les États-Unis.

Cela étant, les aviateurs afghans, notamment en raison de leur implication dans les combats et de leur proximité avec les forces américaines, n’ont pas à attendre une quelconque mansuétude de la part des talibans. Le 7 août, ces derniers ont revendiqué l’assassinat de Hamidullah Azimi, un pilote d’hélicoptère UH-60 Black Hawk, qui se trouvait à Kaboul pour y mettre sa famille en sécurité. Six de ses camarades avaient précédemment connu un tel sort.

Aussi, le 15 août, quand Kaboul est tombée aux mains du mouvement taleb, des aviateurs afghans ont cherché à fuir leur pays avec leurs aéronefs encore en état de décoller. Et, a priori, ils ont pris la direction de l’Ouzbekistan voisin.

C’est ainsi que Tachkent a rapporté, le 16 août, qu’un avion d’attaque léger afghan A-29 Super Tucano venait de s’écraser dans le district de Cherabad, situé dans la province de Sourkhan-Daria. Les circonstances de cet incident n’ont pas encore été totalement établies…

Dans un communiqué, le parquet général de l’Ouzbékistan a expliqué que le Super Tucano était entré en collision avec un MiG-29 ouzbek venu l’intercepter. Ayant pu s’éjecter, les deux pilotes afghans seraient actuellement hospitalisés dans un état grave.

Quant au MiG-29 venu à leur rencontre, aucun détail n’a été donné. Sur les réseaux sociaux, une vidéo montrant un pilote apparemment blessé a été diffusée. Mais il n’est pas possible de connaître sa nationalité.

En outre, le parquet général a également affirmé que 22 avions et 24 hélicoptères militaires afghans, avec 585 soldats à leur bord, avaient franchi la frontière pour se poser en Ouzbekistan au cours des dernières quarante-huit heures. Soit l’équivalent de la moitié des appareils de la force aérienne afghane qui étaient encore en état de vol il y a trois semaines…

Seulement, le parquet général ouzbek s’est par la suite rétracté… « La déclaration publiée par le bureau du procureur général […] n’était pas entièrement clarifiée et n’était pas basée sur des informations officielles vérifiées par les autorités », a-t-il justifié.

En effet, selon le ministère ouzbek de la Défense, l’A-29 Super Tucano afghan aurait été abattu par un système de défense aérienne. Et d’assurer qu’une enquête était en cours que des précisions seraient apportées ultérieurement.

S’agissant du nombre d’aéronefs afghans ayant franchi la frontière, les autorités ouzbèkes ne confirment pas les chiffres avancés par le bureau du procureur général. Cela étant, une vidéo montrant des hélicoptères afghans en train de se poser dans un champ de coton en Ouzbékistan a été diffusée via des réseaux sociaux.

En attendant, des parlementaires américains s’activent pour que le département d’État entreprenne des démarches auprès de Tachkent pour éviter que les pilotes afghans ayant fui leur pays ne soient remis aux talibans.

« Nous savons que les autorités ouzbèkes ont confisqué leurs téléphones portables. Notre principale préoccupation est de nous assurer que l’Ouzbékistan ne les livre pas aux talibans. Nous […] essayons de leur obtenir l’asile », a confié Caroline Tabler, responsable de la communication du sénateur [républicain] Tom Cotton, auprès de l’Associated Press. « Nous travaillons avec un intermédiaire qui a été en contact avec les pilotes », a-t-elle ajouté.

Quoi qu’il en soit, le ministère tadjik des Affaires étrangères a confirmé qu’un avion militaire afghan, transportant 100 passagers [probablement un C-130 Hercules, nldr] s’était posé au Tadjikistan, le 16 août, après avoir envoyé un signal de détresse. Ce qui lui permis de rejoindre un aéroport de la province de Khatlon, frontalière avec l’Afganistan et la région ouzbèke de Sourkhan-Daria.

Photo : A-29 Super Tucano afghan – archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]