Premier déploiement opérationnel pour les F-35C de l’US Navy, qui vient de lancer les manoeuvres LSE 21
Le 28 février 2019, la marine américaine annonça que le F-35C, c’est à dire la version navale de l’avion de combat développé par Lockheed-Martin, venait d’atteindre sa « capacité opérationnelle initiale » [IOC – Initial Operational Capability]. Ce qui supposait de réunir plusieurs conditions.
En effet, pour prononcer une IOC, il faut au moins qu’une unité utilisant un nouvel équipement soit déclarée opérationnelle. Ce qui fut donc le cas pour le Strike Fighter Squadron [VFA] 147 « Argonauts », qui venait alors d’achever sa phase de qualification à bord du porte-avions USS Carl Vinson avec ses 10 F-35C Block 3F.
« Le F-35C est prêt pour les opérations, prêt au combat et prêt à gagner. […] Nous ajoutons un système d’armes incroyable à l’arsenal de nos groupes aéronavals, qui va renforcer de façon significative nos forces armées », s’était félicité, à l’époque, le vice-amiral DeWolfe Miller, alors commandant des forces aériennes de la marine américaine [COMNAVAIRFOR].
Cependant, l’USS Carl Vinson n’était pas prêt à prendre la mer, étant donné qu’il devait passer en cale sèche dans le cadre d’un arrêt technique majeur [qui aura coûté 367 millions de dollars]. Et le navire ne retrouva la base navale de San Diego [Californie] qu’en septembre 2020.
Le 2 août, ce porte-avions a donc pu appareiller pour former le « Carrier Strike Groupe 1 » [CSG 1] dans la région Indo-Pacifique. Ce groupe aéronaval est notamment formé par le croiseur USS Lake Champlain et les « destroyers » USS Higgins, USS O’Kane, USS Chafee, USS Dewey, USS Stockdale et USS Michael Murphy.
Et ce déploiement sera donc le premier pour le F-35C étant donné que le VFA 147 a pris place à bord de l’USS Carl Vinson avec dix appareils, lesquels vont opérer aux côtés des F/A-18 Super Hornet.
Par ailleurs, le groupe aérien embarqué [GAé] du porte-avions comporte plusieurs nouveautés. Ainsi, il compte sept avions de guerre électronique E/A-18 Growler [au lieu de cinq habituellement] et cinq appareils de guet aérien E-2D Hawkeye [contre quatre].
Ces moyens accrus en matière de guerre électronique et de commandement et de contrôle [C2], combinés aux capacités propres du F-35C [furtivité, fusion de données, etc] « maintiendra le groupe aéronaval en sécurité » en lui donnant la possibilité de « détecter et de détruire les capteurs de l’adversaire » avant d’être repéré par ce dernier.
En outre, trois CMV-22B Osprey remplaceront les C-2A Greyhound, utilisés jusqu’alors pour des missions de transport et de ravitaillement.
Au total, l’USS Carl Vinson a quitté San Diego avec 67 aéronefs à son bord, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’aménagement du navire, notamment à cause du E-2D « Hawkeye » et des E/A-18G « Growler » supplementaires. « Nous avons porté une attention particulière aux autres équipements de soutien que nous avons à bord [en plus de ceux nécessaires aux F-35C, ndlr], et nous avons allégé ou réduit les choses qui servent au confort de l’équipage », a en effet expliqué le capitaine de vaisseau P. Scott Miller, le « pacha » du porte-avions, au Navy Times.
Sans les CMV-22B Osprey, les F-35C n’auraient pas pu être embarqués à bord de l’USS Carl Vinson. En plus des nouvelles capacités qu’il offre [vol de nuit, rayon d’action plus important, etc], cet appareil a été « choisi en raison de sa capacité à transporter l’imposant moteur F-135, ce que le C-2 ne pouvait pas faire. Le F-35 est incapable de se déployer sur des porte-avions ou des navires d’assaut amphibie sans le V-22 à proximité pour livrer un moteur de remplacement si nécessaire », explique le Navy Times.
Quoi qu’il en soit, le CSG-1 ne va pas tarder à mettre à l’épreuve ses nouvelles capacités. Le 10 août, il a en effet rejoint les manoeuvres aéronavales « Large Scale Exercise 2021 » [LSE 21] qui, organisées par l’US Navy, concernent aussi bien les forces navales américaines déployées dans la région Indo-Pacifique que celles engagées en Europe. Il s’agit du premier exercice naval et amphibie à grande échelle mené depuis les exercices Ocean Venture, lancés par l’Otan durant la Guerre Froide.
« LSE 2021 nous permet de valider des technologies, des techniques et des procédures nouvellement développées qui permettent à la Marine et au Corps des Marines de combattre, de gagner et de dissuader efficacement des adversaires potentiels », a expliqué le capitaine de vaisseau Tommy Locke, le commandant du GAé de l’USS Carl Vinson.
Photo : U.S. Navy