Contre-terrorisme : Le Niger envisage d’implanter une nouvelle base aérienne à Diffa; Avec quels aéronefs?

S’ils sont actifs au Nigéria, les groupes jihadistes Boko Haram et « Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest » [ISWAP] font régulièrement des incursions meurtrières au Tchad [où l’armée a récemment subi de lourdes pertes à Tchoukou Telia], dans l’extrême-nord du Cameroun et au Niger, plus précisément dans la région de Diffa, laquelle accueille par ailleurs 300’000 réfugiés nigérians.

Ces deux organisations n’ont pas la même stratégie. Ainsi, Boko Haram cible avant tout les populations civiles quand l’ISWAP s’attaque principalement aux forces armées locales ainsi qu’aux intérêts étrangers dans la région du lac Tchad. Cependant, les autorités concernées font rarement la distinction entre les deux groupes.

« À la frontière du Niger, dans la région de Diffa, le commandant de la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique, Abba Gana, vise spécifiquement les intérêts étrangers », a en effet récemment relevé l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions prises par les Nations unies à l’égard d’al-Qaïda et de l’État islamique [EI ou Daesh].

D’où la décision annoncée lors du dernier Conseil des ministres réuni autour du président nigérien, Mohamed Bazoum.

« Au vu de l’insécurité actuelle qui règne dans la région du sahel, plus particulièrement dans la zone du bassin du Lac Tchad, le gouvernement envisage l’installation d’une base aérienne dénommée ‘BA 501 de Diffa’ pour augmenter la capacité de riposte des Forces armées nigériennes », lit-on dans le compte-rendu de ce conseil. « Dans ce cadre, un domaine situé en zone non lotie, d’une superficie de trente-deux kilomètres carrés a été identifié pour accueillir cette infrastructure », poursuit le texte.

Un décret a été signé en conséquence afin de « déclarer d’utilité publique, les opérations d’installation de ladite base aérienne ».

Actuellement, le Niger compte deux bases aériennes importante : celle de Niamey [BA 101], où est notamment installée la force française Barkhane, et celle d’Agadez [BA 201], utilisée par les forces américaines qui y ont notamment déployé des drones MQ-9 Reaper.

Cela étant, et en l’état actuel des choses, on voit mal quels moyens pourront être affectés à cette future BA 501. En effet, l’armée de l’air nigérienne ne dispose que de deux avions d’attaque Su-25 « Frogfoot » et de quatre appareils de surveillance [2 Diamond DA42 et 2 Cessna 208]. S’agissant des hélicoptères, elle compte un Mil Mi 24 [attaque] et trois Mil Mi 17.

Dans son dernier rapport sur la Force conjointe du G5 Sahel [dont le Niger fait partie], le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait justement abordé ce déficit capacitaire dans le domaine aérien.

« La Force conjointe ne dispose pas de moyens aériens, alors que c’est
indispensable dans le cadre des efforts antiterroristes en cours. Elle ne dispose pas non plus de système de renseignement complet », avait-il constaté. Cependant, avait-il précisé, « l’acquisition de capteurs et d’équipements de surveillance – tels que des radars au sol à courte portée ou des drones – est prévue dans la deuxième tranche du financement de l’Union européenne ».

Probablement que la force aérienne nigérienne pourra compter sur le soutien de la France. En novembre 2020, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] avait ainsi mis en avant la « montée en puissance » d’un Partenariat militaire opérationnel [PMO] renforcé dans le domaine aérien au profit des membres du G5 Sahel. « L’objectif est de permettre aux armées de ces pays de mettre en œuvre les moyens aériens nécessaires à la lutte contre les groupes armés terroristes qui sévissent dans la sous-région », avait-elle expliqué.

Photo : Nicolas Pinault (VOA) – Public Domain,

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]