Avec l’aide du Rwanda, les forces mozambicaines ont chassé les jihadistes de la ville portuaire de Mocimboa da Praia

Le 12 août 2020, et au bout de cinq jours de combat, le groupe jihadiste « al-Shabab » [à ne pas confondre avec le groupe somalien du même nom], lié à l’État islamique en Afrique centrale [ISCAP], s’emparait de la ville portuaire de Mocimboa da Praia, stratégique pour l’exploitation des gisements gaziers découverts dans la province de Cabo Delgado [nord du Mozambique]. À l’époque, il fut rapporté, que les forces gouvernementales avaient été obligées de se replier, faute de munitions. En outre, les sociétés militaires privées [SMP], sollicitées par Maputo, comme la sud-africaine Dyck Advisory Group [DYG], ne furent d’aucun secours.

Par la suite, les jihadistes s’attaquèrent à la ville de Palma, qu’ils occupèrent brièvement en mars dernier. « Les autorités locales n’ont pas réussi à défendre la ville et à assurer sa sécurité, comme dans le cas de Mocimboa da Praia, située plus au sud dans le Cabo Delgado, occupée depuis août 2020 par des organisations affiliées à Daesh. Ces faits récents pourraient avoir de profondes répercussions sur la paix et la sécurité dans la région et doivent être abordés de façon prioritaire au moyen d’une démarche régionale cohérente », a ainsi souligné Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, dans un récent rapport remis au Conseil de sécurité.

Cela étant, depuis l’affaire de Palma, plusieurs initiatives ont été lancées pour contrer l’influence grandissante de Daesh dans le Cabo Delgado. Les États-Unis et le Portugal ont ainsi chacun mis sur pied un programme de formation au profit des forces spéciales mozambicaines. Ce que s’apprête également à faire l’Union européenne, avec la mission « EUTM Mozambique ».

De son côté, la Communauté de développement de l’Afrique australe [SADC] se préparer à envoyer 3’000 soldats au Mozambique. Enfin, et à la demande du gouvernement mozambicain, le Rwanda a annoncé, le 8 juillet, le déploiement d’un contingent d’un millier de soldats et de policiers dans le Cabo Delgado.

Visiblement, cet apport aura été décisif puisque, un mois plus tard, le ministère rwandais de la Défense a fait savoir que les forces mozambicaines, appuyées par ses troupes, venaient de reprendre Mocimboa da Praia aux jihadistes.

« La ville portuaire de Mocimboa da Praia, un bastion majeur de l’insurrection […], a été prise par les forces de sécurité rwandaises et mozambicaines », a-t-il en effet indiqué via Twitter, le 8 août, sans plus de détails.

Lors d’une conférence de presse donnée plus tard dans la journée, le porte-parole du ministère mozambicain de la Défense, le colonel Omar Saranga, a précisé que les bâtiments officiels, le port, l’aéroport, l’hôpital ainsi que d’autres infrastructures clés étaient désormais à nouveau passés sous contrôle gouvernemental. Cependant, a-t-il continué, les opérations « se poursuivent dans le but de consolider le contrôle des zones critiques ».

Cela étant, aucun bilan des combats n’a été donné, pas plus que les détails de l’opération menée par les forces mozambicaines et rwandaises.

En tout cas, il aura fallu moins d’un mois depuis l’annonce par Kigali de son intervention militaire dans le Cabo Delgado pour y changer le rapport de forces.

« Depuis quelque temps, les insurgés ont fait de Mocímboa da Praia un authentique califat, un point stratégique, non seulement pour faire pression sur le gouvernement mozambicain mais aussi pour ravitailler les terroristes », rappelle Egídio Plácido, le rédacteur en chef de « Zambeze », un hebodamadaire local. Aussi, fait-il valoir, la reconquête de cette ville permettra « aux forces mozambicaines et à celles de la SADC d’avoir une plus grande flexibilité dans leur approvisionnement sur le terrain ».

En outre, M. Plácido souligne aussi que « l’arrivée des [soldats] Rwandais montre clairement que nos forces ont de nombreuses déficiences […]. En moins de 30 jours, les Rwandais sont arrivés et ont expulsé ceux que les forces mozambicaines] n’avaient pas réussi à expulser depuis un an ».

Photo : Soldat rwandais / archive

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