Le Pentagone publie des preuves d’une implication iranienne dans l’attaque du pétrolier M/T Mercer Street

Jusqu’alors, la diplomatie française a été plutôt discrète au sujet de l’attaque du pétrolier M/T Mercer Street qui, commise le 29 juillet au large du Sultanat d’Oman, a fait deux tués parmi l’équipage, dont un agent de sécurité britannique et un marin roumain.

Pour rappel, battant pavillon du Liberia et exploité par le groupe Zodiac Maritime, dont l’homme d’affaires israélien Eyal Ofer est le principal actionnaire, le M/T Mercer assurait une liaison entre Dar es Salaam [Tanzanie] et Fujairah [Émirats arabes unis] quand il a apparemment été la cible d’un drone kamikaze.

Peu après l’annonce de cette attaque, Israël a estimé que la responsabilité de l’Iran ne souffrait aucun doute. « Nous attendons de la communauté internationale qu’elle signifie clairement au régime iranien qu’il a fait une grave erreur. Dans tous les cas, nous savons comment envoyer un message à l’Iran à notre manière », a même déclaré Naftali Bennett, le Premier ministre israélien.

Puis Londres et Washington ont à leur tour dénoncé l’Iran dans cette affaire. De même que Bucarest. Quant à la France, elle a fini par en faire de même, en signant une déclaration des ministres des Affaires étrangères du Groupe des Sept [G7], qui réunit les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, l’Italie et le Japon… ainsi que l’Union européenne [UE] en tant qu’observateur.

Nous « partageons un même attachement à la sûreté maritime et à la protection de la navigation commerciale. Nous condamnons l’attaque illégale perpétrée le 29 juillet contre un navire marchand au large d’Oman, qui a causé la mort d’un ressortissant britannique et d’un ressortissant roumain. Cette attaque délibérée et ciblée constitue une violation manifeste du droit international. Tous les éléments de preuve disponibles désignent clairement l’Iran. Il n’existe aucune justification à cette attaque », ont ainsi affirmé les ministres des Affaires étrangères du G7.

Et d’ajouter : « Le comportement de l’Iran, ainsi que son soutien à des forces agissant en relais et à des acteurs armés non-étatiques, menacent la paix et la sécurité internationales. Nous demandons à l’Iran de cesser toutes ses activités incompatibles avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et nous appelons tous les acteurs concernés à jouer un rôle constructif pour renforcer la stabilité et la paix dans la région ».

Quant aux preuves évoquées dans le communiqué, elles ont été publiées par l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale [.pdf]. Et d’après les constatations faites par les enquêteurs de l’US Navy montés à bord du M/T Mercer Street, un drone kamikaze de type Shahed 136, fabriqué en Iran, aurait bien été utilisé pour commettre l’attaque contre le pétrolier.

« La détonation explosive à la suite de l’impact du drone a fait un trou d’environ 1,80 mètres de diamètre dans la partie supérieure de la timonerie et a gravement endommage l’intérieur », indique le rapport de l’US CENTCOM. « Les tests chimiques ont révélé l’usage d’un explosif à base de nitrate, identifié comme étant du RDX [qui est l’un des explosifs militaires parmi les plus puissants, ndlr] », poursuit-il. Et l’étude des débris du drone a permis de déterminer qu’un Shahed 136 a été à l’origine des dégâts subis par le M/T Mercer Street.

Cependant, et jusqu’à la diffusion des preuves collectées par l’US Navy, l’Iran a toujours nié toute implication dans cette affaire. Et il a averti qu’il ripostera à tout « aventurisme » et qu’il « n’hésitera pas un instant à défendre ses intérêts et sa sécurité nationale ».

Quoi qu’il en soit, le 5 août, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a assuré qu’Israël « était prêt à s’engager militairement directement contre l’Iran si cela est nécessaire ». Et d’ajouter : « Le monde doit traiter le problème de l’Iran, la région doit traiter le problème de l’Iran et Israël doit également contribuer à cette action ».

Cela étant, Israël et l’Iran se livrent à une guerre navale clandestine depuis quelques mois, plusieurs bateaux iraniens soupçonnés de livrer du matériel à la Syrie ou d’être utilisés par les Gardiens de la Libération ayant été pris pour cibles. En retour, des navires exploités par des armateurs israéliens ont également été attaqués. Quatre l’avaient été avant le M/T Mercer Street, mais sans faire de victimes.

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