L’Italie va investir 2 milliards d’euros dans le programme britannique d’avion de combat Tempest

Tantôt orienté à la hausse, puis à la baisse, l’évolution des dépenses militaires italiennes aura été rarement linéaire au cours de ces dernières années. Ou quand elle l’a été, c’était à la baisse… Cependant, pour 2021 le budget transalpin de la Défense est donné en hausse pour la seconde année consécutive, ce qui marque une rupture avec les pratiques passées.

Ainsi, le budget du ministère italien de la Défense doit atteindre les 16,8 milliards d’euros, soit +5% environ par rapport à 2020, année où il avait déjà progressé de +9,8%. À ce montant, il convient d’ajouter un complément de 2,7 milliards d’euros, fourni par le ministère de l’Industrie afin de financer certains programmes d’armement, ce qui porte à 6,7 milliards le montant de l’enveloppe prévue pour l’acquisition de nouveaux équipements [soit +24% par rapport à 2020].

Cette tendance va-t-elle se poursuivre dans les années à venir? Une partie de la réponse a été donnée par le Document de programmation pluriannuel [DPP pour Documento Programmatico Pluriennale] qui, proposé par le ministère italien de la Défense, vient d’être apporuvé pour la période 2021-23 [.pdf].

Ce document fait le point sur les programmes d’armement en cours et donne un aperçu sur ceux qu’il est prévu de lancer durant les trois prochaines annnées. Et parmi ceux-ci, sept ont été décrits comme prioritaires car considérés comme « stratégiques ». Et, à ce titre, ils devront bénéficier d’un financement garanti étalé sur plusieurs années.

Les investissements dont il est question ne sont pas forcément très élevé. C’est par exemple le cas du programme visant à donner aux forces armées italiennes une capacité de partage de données via un « cloud » informatique, une enveloppe de 90 millions d’euros étant prévus jusqu’à l’horizon 2035.

D’autres seront évidemment plus conséquents, comme le projet d’acquérir deux nouveaux « Cacciatorpediniere » [contre-torpilleurs ou « destroyers »] afin de remplacer, pour 2,3 milliards d’euros, ceux de la classe « Luigi Durand de la Penne » actuellement en service au sein de la Marina Militare. Le DPP évoque également la modernisation et le renouvellement des capacités de défense antimissile, l’acquisition de radars pour les systèmes de défense aérienne, le développement d’un véhicule blindé amphibie et celui d’un nouveau système de combat pour l’infanterie.

Mais l’un des plus grands morceaux est la confirmation de la participation de l’Italie au système de combat aérien futur, actuellement développé par le Royaume-Uni dans le cadre du programme Tempest.

Dans un premier temps, Rome prévoit de débloquer des sommes relativement modestes pour financer les études liées à ce programme. Ainsi, entre 2021 et 2023, il est question de seulement de 20 millions d’euros par an [soit 60 millions au total]. Puis 90 autres millions sont prévus pour la période 2024/2026. Enfin, entre 2027 et 2035, 1,85 milliards seront investis, ce qui portera la participation financière du ministère italien de la Défense à 2 milliards d’euros au total. D’après le quotidien La Repubblica, celui de l’Industrie devrait être également sollicité pour mettre la main à la poche.

« L’industrie de l’aérospatiale, de la défense et de la sécurité – représente l’une des réalités italiennes les plus compétitives, avec une richesse de connaissances et d’emplois qualifiés dans laquelle réside une part importante de la souveraineté de l’Italie, ainsi que son appartenance au cercle des pays technologiquement et économiquement avancés », a fait valoir Lorenzo Guerini, le ministre italien de la Défense, pour justifier de tels investissements.

« La participation au programme Tempest, aux côtés du Royaume-Uni et de la Suède garantira à l’Italie un accès exclusif à un projet exceptionnel », lit-on dans le DPP. Cet investissement « d’un montant total de 2 milliards d’euros sur 15 ans […] vise à soutenir spécifiquement les activités de Recherche & Développement afin de garantir le bon positionnement de l’industrie italienne dans ce programme », y est-il avancé.

Pour le ministère transalpin de la Défense, le Tempest promet des retombées dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la mécanique, du Deep Learning, du Machine Learning, des matériaux innovants, des capteurs ultra-performants, de la propulsion, de la cyber-sécurité, etc.

Pour rappel, le ministère britannique de la Défense [MoD] a annoncé, la semaine passée, que le programme Tempest venait d’entrer dans sa phase de « conception et d’évaluation », après l’attribution d’un contrat de 250 millions de livres sterling à BAE Systems, le maître d’oeuvre.