Le sous-marin nucléaire russe K-266 Orel a-t-il simulé une avarie dans les eaux du Danemark?

Pour passer de la Baltique à la mer du Nord, il existe deux voies de passage. Le premier, appelé Øresund, est situé entre l’île de Seeland [Danemark] et la Scanie [Suède]. Le second est le détroit « Grand Belt » [ou Storebæl], lequel sépare les îles danoises de Seeland et de Fionie.

L’un et l’autre débouchent sur la région maritime du Cattegat, bordée par les régions du Jutland et de Halland, puis sur le Skagerrak, lequel communique avec la mer du Nord. Celui est délimité par la Norvège au nord, le Danemark au sud et la Suède à l’est.

Conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, le transit de navires miliaires dans les détroits se doit d’être « innoffensif » [article 19]. Et « toute autre activité sans rapport direct avec le passage » est interdite. En outre, l’article 20 précise que dans la mer territoriale, les « sous-marins et autres véhicules submersibles sont tenus de naviguer en surface et d’arborer leur pavillon ».

Et c’est précisément ce que firent, en juillet, les sous-marins nucléaires russes K-266 Orel [classe Oscar II], K-549 Knyaz Vladimir [SNLE de classe Boreï] et le K-157 Vepr [SNA de classe Akula] quand ils passèrent par le Grand Belt pour se rendre à Saint-Petersbourg afin de participer à la parade navale organisée tous les ans à Saint-Petersbourg à l’occasion de la « journée de la marine russe ». Et cela donna l’occasion aux forces danoises de les photographier.

Si à l’aller, le transit de ces trois sous-marins russes fut sans histoire, il en est allé autrement lors de leur passage pour rejoindre la mer du Nord, le 30 juillet. Du moins pour le K-266 Orel.

Ainsi, raconte la marine danoise, cet imposant sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière, avec son déplacement de 14’800 tonnes en surface pour une longueur de 154 mètres, a donné l’impression d’avoir des problèmes de propulsion, au point de dériver vers l’île de Sejerø, située au sud du Cattegat. À ce moment, il était escorté par le patrouilleur côtier HDMS Diana.

Puis des sous-mariniers, dotés de gilets de sauvetage, se sont activés sur le pont du sous-marin alors que s’approchait le remorqueur russe Altay, appartenant à la flotte du nord. Un « destroyer » de la classe Udaloy se trouvait également à proximité. Celui-ci a été contacté par la marine danoise, qui a proposé de l’aide… Une proposition qui, « sans suprise » a été « poliment » déclinée.

Par la suite, des câbles de remorquage ont été préparés à bord de l’Altay, suggérant ainsi que le sous-marin allait être pris en charge par ce dernier. Finalement, le K-266 a « retrouvé » sa propulsion et le remorqueur n’a pas eu à entrer en action comme il s’y était préparé.

Le sous-marin a-t-il eu un souci technique? S’est-il agi d’un exercice? Toujours est-il que, comme l’a souligné le Barents Observer, la « marine russe n’a publié aucune information sur les raisons pour lesquelles le sous-marin a perdu sa propulsion et si l’incident a été causé par un dysfonctionnement de ses réacteurs nucléaires [le K-266 en compte deux, ndlr] ou par toute autre partie de ses systèmes auxiliaires ».

Désormais, le K-266 Orel se trouverait dans le Skagerrak, le long de la Norvège. « C’est toujours inquiétant quand un tel sous-marin a des problèmes de propulsion. Nous attendons des autorités russes qu’elles nous contactent si elles ont à nouveau des problèmes avec ce navire, ou d’autres, dans les eaux situées près de la Norvège », a confié un porte-parole du quartier général norvégien des opérations interarmées au Barents Observer.

Quoi qu’il en soit, et comme l’a rappelé un communiqué publié par la Flotte du Nord russe le 2 août, les bâtiments ayant participé à la parade navale de Saint-Petersbourg « mèneront une série d’exercices complets de défense et de sauvetage » au cours de leur retour vers leurs bases. C’est probablement ce qu’a fait le K-266 Orel…

Photo : 3e Escadre de la Marine royale danoise

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