Le ministère allemand de la Défense s’intéresse à Aurora, un projet d’avion spatial

En juillet 2020, et alors que l’on s’interrogeait sur un éventuel volet dédié au soutien de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] dans le cadre du plan gouvernemental de relance de l’économie qui était en gestation, les députés Jean-Louis Thiérot et Benjamin Griveaux publièrent un rapport dans lequel ils suggérèrent de doter l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] d’un « drone spatial » à l’image du X-37B américain, capable de rester en orbite pendant plusieurs dizaines de mois.

Seulement, le gouvernement estima que la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 était déjà en soi un plan de relance… Et il n’y eut qu’un coup de pouce – limité – à l’industrie aéronautique, avec l’anticipation de certaines commandes, dont, notamment, celles relatives aux hélicoptères Caracal, aux avions A330 et aux drones de la Marine nationale.

Cela étant, pendant ce temps, l’Allemagne, qui nourrit de grandes ambitions dans le domaine spatial en s’appuyant sur des acteurs privés [c’est ce que l’on appelle le « New Space »], avance ses pions. Ainsi, créée à l’ombre du Centre pour l’aéronautique et l’astronautique [Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, ou DLR], la jeune entreprise Polaris Raumflugzeuge développe actuellement le concept d’un avion spatial qui, appelé Aurora, fonctionne grâce à des tuyères de type Aerospike.

« Aurora est conçu pour le décollage et l’atterrissage sur des pistes conventionnelles partout dans le monde, y compris en Allemagne et en Europe. Sa mission principale est le lancement de satellites de 800 à 1000 kg, ce qui permettra ainsi une réduction importante des coûts de lancement par rapport aux lanceurs conventionnels, tout en augmentant fondamentalement la flexibilité, la disponibilité et la sécurité », explique Polaris. Et d’ajouter : « Aurora offrira des capacités uniques pour répondre à divers scénarios de missions suborbitales/hypersoniques, que ce soit pour des activités commerciale ou la défense ».

En clair, cet appareil, avec sa forme en aile volante, pourra être mis en oeuvre comme un avion « classique », à la différence qu’il pourra assurer des missions suborbitales, voire orbitales selon sa configuration.

Et cela intéresse visiblement la Bundeswehr, qui vient de notifier un contrat de 250’000 euros à Polaris Raumflugzeuge afin d’évaluer les applications et le potentiel de cet « avion spatial » pour des missions de renseignement, dans le cadre de son programme RDRS [Rapid Deployable Reconnaissance System].

Ce « contrat de la Bundeswehr est un succès important pour Polaris, étant donné que pratiquement toutes les percées technologiques dans l’histoire des vols spatiaux ont été réalisées directement ou indirectement grâce à l’armée. Nous sommes extrêmement satisfaits du soutien de la Bundeswehr et sommes impatients de démontrer le potentiel unique de l’avion spatial Aurora dans les activités européennes de défense », s’est félicitée l’entreprise, fondée en 2018, avec des ingénieurs venus du DLR et d’Arianespace.

Pour le moment, Polaris a fait voler le Stella, un démonstrateur de l’Aurora aux dimensions réduites. Rien n’a été dit pour le moment au sujet des phases suivantes.

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