Faute de budget, les futures frégates de la Marine auront des moyens de guerre électronique limités jusqu’en 2026

Initialement, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoyait la livraison à la Marine nationale de deux Frégates de défense et d’intervention [FDI] en 2025. Puis, en raison d’impératifs opérationnels et, aussi, afin d’assurer le plan de charge de Naval Group, la ministre des Armées, Florence Parly, a fait savoir, en mars dernier, qu’il était désormais question de porter à trois le nombre de navires de ce type devant être livrés dans les quatre ans à venir.

Ainsi, la première FDI sera remise à la Marine nationale en 2024. Puis, l’année suivante, deux autres unités suivront. En théorie, du moins.

« L’avancement du programme des FDI bénéficie du fait que les prospects en matière d’exportation vers la Grèce ne se sont pas encore concrétisés. La livraison de la deuxième FDI a été avancée mais si l’exportation a lieu, ce sera un bâtiment grec, et l’on reprendra le calendrier initial de livraison. Naval Group s’étant mis en situation de produire un bateau tous les neuf mois, une frégate peut être livrée à la France tous les dix-huit mois », a en effet avancé l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale [le compte-rendu vient d’être publié, ndlr].

En tout cas, a-t-il ajouté, « si l’exportation vers la Grèce ne se fait pas, l’outil industriel produira à la bonne cadence et nous aurons au moins les trois premières frégates plus vite ».

Quoi qu’il en soit, les premières FDI qui seront livrées à la Marine nationale auront des capacités amoindries en matière de guerre électronique : elle seront en effet dépourvues de leurres antimissiles et de dispositifs de brouillage. Ce que le CEMM a trouvé « dommage »…

« Cela relève d’un choix budgétaire : lors du lancement du programme en fin de la LPM précédente, l’ajout de ces capacités n’entraient pas dans l’enveloppe financière. Il a donc été décidé de les inclure dans le programme visant à faire évoluer les frégates, ce qui conduit à reporter à 2026 l’ouverture de la ligne budgétaire qui permettra de les financer », a expliqué l’amiral Vandier.

Seulement, les économies de bouts de chandelles comme celle-ci donnent généralement lieu à des dépenses plus élevées que celles qu’elles étaient censées éviter…

« De la même façon qu’il est beaucoup plus coûteux de faire installer a posteriori un radar de recul sur une voiture que de choisir un véhicule déjà équipé en série, programmer de telles dépenses sur une dizaine d’années, en raison de contraintes budgétaires qui peuvent paraître mineures, se révèle en définitive beaucoup plus onéreux pour l’Etat », a souligné le CEMM. « D’une façon générale, la mécanique consistant à réduire les cibles et à reporter les commandes se traduit, sur dix ans, par des consommations de crédits beaucoup plus élevées », a-t-il insisté.

Par ailleurs, et outre ces moyens de de guerre électronique qui se feront donc désirer, la Marine voulait doter les futures FDI de la capacité à tirer des missiles de croisière navals [MdCN]. Une option qui n’a pas non plus été retenue lors du lancement de ce programme… mais qui pourra être installée à l’avenir, Naval Group ayant pris les dispositions nécessaires pour installer éventuellement des lanceurs Sylver A70 à l’avant de ces navires.

Pour rappel, d’un déplacement de 4.500 tonnes pour une longueur de 122 mètres et une largeur de 18 mètres, les FDI seront « premières frégates à bénéficier d’une architecture numérique innovante leur permettant de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles, ce qui les rend capables de faire face aux menaces actuelles et futures, et d’assurer le traitement de données de plus en plus nombreuses », selon Naval Group.

Conçues pour le combat en réseau, elles seront équipées d’un sonar de coque, d’un radar Sea Fire 500 à quatre antennes planes fixes entièrement numérique et d’un mât unique rassemblant l’intégralité des capteurs aériens. Côté armement, en plus d’une tourelle de 76mm et de canons de 20mm télé-opérés, elles emporteront 8 missiles anti-surface Exocet MM40B3C, 16 missiles antiaériens Aster 15/30 et des torpilles MU 90.

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