Terrorisme : Première frappe américaine en Somalie depuis l’investiture du président Biden

Peu après l’entrée en fonction du président Trump, en janvier 2017, le nombre de frappes américaines contre les jihadistes somaliens, notamment ceux affiliés aux milices shebabs, liées à al-Qaïda, augmenta signicativement. Ainsi, 35 furent effectuées durant cette année-là, contre seulement 15 en 2016.

Et la fréquence de tels raids ne cessa de s’amplifier par la suite, accentuant ainsi une stratégie qui, appliquée avant l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, consistait en partie à éliminer les principaux chefs de l’organisation jihadiste. Mais pas seulement.

En effet, dans le même temps, les forces américaines avaient également déployé entre 500 et 700 militaires en Somalie, afin d’y former et d’y appuyer l’armée locale. Pour Washington, un tel effort s’expliquait par le fait que les milices shebabs incarnaient l’une des menaces « les plus sérieuses » en Afrique.

Cela étant, et à la différence de ces prédécesseurs, M. Trump avait laissé la décision de frapper les groupes terroristes à l’appréciation des chefs militaires sur le terrain. Et cette approche ne concernait pas seulement la Somalie puisqu’il en allait de même pour le Yémen ou encore la Libye.

Cependant, malgré ces efforts, par ailleurs conjugués à ceux de l’AMISOM [la mission de l’Union africaine déployée en Somalie sous l’égide des Nations unies, ndlr], les shebabs ont fait preuve d’une étonnante capacité de résilience…

« Malgré des frappes continues et l’assistance aux forces africaines partenaires, les shebabs apparaissent comme une menace croissante », constatait ainsi un rapport de l’Inspection générale du Pentagone, publié en 2020. D’où, sans doute, la décision, prise en décembre dernier par M. Trump, de retirer les forces américaines de Somalie et les redéployer en partie dans les pays voisins. Ce qui a été fait dans le cadre de l’opération Octave Quartz.

Pour autant, les 18 et 19 janvier, l’US AFRICOM, le commandement américain pour l’Afrique, a indiqué avoir procédé à un trois frappes, au total, contre les shebabs somaliens. Les dernières de l’ère Trump…

Dès son entrée dans le bureau ovale, ce dernier est revenu sur la politique de son prédécesseur au sujet des frappes visant les groupes terroristes ailleurs qu’en Afghanistan et au Levant. Désormais, elles sont de nouveau soumise à l’approbation de la Maison Blanche… Et, depuis, plus aucun raid aérien en Somalie n’avait été signalé jusqu’à ce que l’US AFRICOM ait indiqué en avoir effectué un dans la région de Galkayo, localité située à 700 km au nord-est de Mogadiscio, le 20 juillet.

Cette frappe a été effectuée « en appui des troupes de l’armée nationale somalienne, qui étaient attaquées par les combattants shebabs. Aucune force américaine n’a accompagné les Somaliens pendant l’opération, mais ils ont été conseillés et aidés à distance depuis un autre endroit non identifié », a expliqué Cindi King, une porte-parole du Pentagone. « Les conclusions initiales du commandement sont qu’aucun civil n’a été blessé ou tué par cette frappe », a-t-elle ajouté, sans préciser le type d’appareil impliqué.

Quoi qu’il en soit, le retrait des instructeurs militaires américains et la réduction drastique du nombre de frappes aériennes contre les shebabs ne semblent pas avoir eu un effet notable sur la situation sécuritaire en Somalie. Ainsi, en novembre 2020, un rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait constaté « 270 atteintes à la sécurité par mois, en moyenne » durant le trimestre précédent. Et de noter que les jihadistes avaient « multiplié les attentats-suicides spectaculaires » au cours de cette période.

Le dernier rapport de M. Guterres sur la Somalie a été publié en mai dernier. Et le constat qu’il a dressé pour les premiers mois de 2021 est quasiment identique.

« Les conditions de sécurité sont demeurées instables, 275 atteintes à la sécurité ayant été enregistrées par mois en moyenne. Les shebabs ont de nouveau été responsables de la plupart des faits en question. Ils ont principalement commis des attaques éclairs visant les forces de sécurité somaliennes et l’AMISOM, ainsi que des attaques au moyen d’engins explosifs improvisés. Les régions les plus touchées
étaient le Banaadir, le Bas-Chébéli et le Moyen-Chébéli », y lit-on.

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