Le Conseil de l’Union européenne approuve l’envoi au Mozambique d’une mission militaire de formation

Au début du mois, face à la dégradation de la sécurité dans la province de Cabo Delgado [nord du Mozambique], où est situé l’important site gazier d’Afungi, l’Union européenne [UE] a validé l’envoi dans ce pays d’une mission militaire afin de former les forces armées locales. Restait alors à obtenir le feu vert des ministres des Affaires étrangères des 27 États membres, à l’occasion d’un Conseil de l’UE. Ce qui a été fait le 12 juillet.

Pour rappel, la province de Cabo Delgado est le théâtre d’une insurrection menée depuis 2017 par le groupe jihadiste Ansar al-Sunnah, qui a ensuite fait allégeance à l’État islamique en Afrique centrale [ISCAP]. Ce dernier a multiplié les coups de force, en s’emparant du port de Mocimboa da Praia et de la ville de Palma ou encore en débarquant sur les îles de Metundo et Vamizi. Ancienne puissance coloniale, le Portugal s’inquiète de la situation… comme la France, qui redoute de voir l’influence jihadiste gagner les Comores, puis Mayotte.

« Le Conseil a adopté ce jour une décision mettant en place une mission militaire de formation de l’UE au Mozambique [EUTM Mozambique] », a-t-il donc fait savoir, via un communiqué. L’objectif sera de « former les forces armées mozambicaines à la protection de la population civile et au rétablissement de la sûreté et la sécurité dans la province de Cabo Delgado, et de les y aider ».

Cette décision est la « réponse de l’UE à la demande des autorités mozambicaines pour que soit renforcé le rôle de l’UE dans les domaines de la paix et de la sécurité », est-il précisé dans ce texte.

Le mandat de l’EUTM Mozambique aura une durée initiale de deux ans. Et la mission se concentrera prioritairement sur le soutien au renforcement capacitaire des unités de l’armée mozambicaine appelées à former une future force de réaction rapide.

« En particulier, la mission dispensera une formation militaire comprenant une préparation opérationnelle, une formation spécialisée en matière de lutte contre le terrorisme, ainsi qu’une formation et une instruction sur la protection des civils et sur le respect du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme », détaille le communiqué.

L’EUTM Mozambique sera commandée par le vice-amiral français Hervé Bléjean, en sa qualité de directeur de la capacité militaire de planification et de conduite [MPCC] au sein de l’État-major de l’UE [EMUE]. Le commandant de la force sur le terrain sera le général portugais Nuno Lemos Pires, lequel a une « expérience de plus de 38 ans à des postes de commandement, dont beaucoup dans le cadre de missions internationales ».

Pour le moment, on ignore quelles seront les contributions à cette mission, la « génération de forces » n’ayant pas été encore faite. Cependant, la France et le Portugale devraient en être. Et l’Espagne, le Luxembourg ainsi que l’Italie ont laissé entendre qu’ils pourraient y participer.

Par ailleurs, le feu vert du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE à cette mission a été donné quelques jours après l’annonce du déploiement d’un millier de soldats et de policiers rwandais au Mozambique, précisément dans cette province de Cabo Delgado.

« Le gouvernement du Rwanda, à la demande du gouvernement du Mozambique, commencera aujourd’hui le déploiement d’un contingent de 1000 personnes de la Force de défense du Rwanda [RDF] et de la Police nationale du Rwanda [RNP] dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique, qui est actuellement touchée par le terrorisme et l’insécurité », a en effet annoncé Kigali, le 9 juillet.

En outre, en juin, la Communauté de développement de l’Afrique australe [SADC] a approuvé l’envoi au Mozambique d’une force d’environ 3’000 soldats. Ce sera un « complément important à l’effort de notre pays pour faire face au terrorisme avec, en première ligne, nos forces de défense et de sécurité, qui assurent avec abnégation la souveraineté et l’intégrité territoriale, ainsi que la protection de la population », avait alors salué Filipe Nyusi, le président Mozambicain.

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