La « régionalisation » des carrières et le télétravail pour limiter les effets des changements d’affectation des militaires?

Les militaires sont appelés à changer régulièrement d’affectation pour plusieurs raisons. Cela peut être dû à une évolution de carrière, aux restructurations, aux besoins selon certaines spécialités ou encore à la volonté d’éviter une « personnalisation » du commandement, voire une « rigidification » des unités. Cependant, cette mobilité n’est pas sans effets sur la vie familiale des intéressés.

Une nouvelle affectation suppose la recherche d’un nouvel emploi pour le conjoint du militaire, ce qui n’est pas toujours évident quand la région qu’il doit rejoindre connaît des problèmes de chômage. Une autre difficulté concerne le logement, avec les contraintes liées au marché de l’immobilier selon les villes. La scolarité des enfants peut aussi en pâtir. Et c’est sans compter la question de l’accession à la propriété… Aussi, certains militaires deviennent des « célibataires géographiques », retrouvant leur famille qu’à l’occasion des permissions et des congès de fin de semaine.

Ces dernières années, plusieurs rapports ont évoqué les conséquences de cette mobilité géographique. L’un d’eux s’était ainsi interrogé sur le « bien-fondé du rythme » de ces changements d’affectation. Un autre avait proposé de la limiter aux « strictes nécessités opérationnelles ».

Cela étant, le Plan famille du ministère des Armées contient plusieurs mesures visant à limiter les effets de ces changements d’affection. Ainsi,ce dernier prévoit d’éditer plusieurs mois à l’avance les ordres de mutation, d’accompagner les conjoints en matière d’emploi, d’assouplir les règles les contraintes liées aux déménagements ainsi que les modalités d’inscription des enfants en établissements scolaires et universitaires sur le lieu d’arrivée en cas de mutation durant l’année scolaire.

Et, cette année, l’indemnité de mobilité géographique des militaires [IMGM] est entrée en vigueur, afin de compenser « forfaitairement la sujétion subie par le personnel militaire contraint de quitter son environnement professionnel et personnel [réseaux et cercles de connaissances, le cas échéant, logement, travail du conjoint, établissements scolaires des enfants, etc.] du fait d’une mutation pour raison de service dans une unité située à une distance significative de sa précédente affectation ».

Cela étant, il est question d’aller encore plus loin. C’est en effet ce qu’a indiqué le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 2 juin dernier [le compte-rendu a été publié il y a seulement quelques jours, ndlr].

« La singularité militaire se traduit également par la mobilité géographique des militaires, qui pèse d’ailleurs davantage sur les officiers que sur les sous-officiers, les officiers mariniers ou les militaires du rang. Cette mobilité géographique entraîne plusieurs difficultés pour l’accès à la propriété, pour la scolarité des enfants et pour l’emploi du conjoint et sa retraite », a commencé par rappeler le général Lecointre.

Aussi, a-t-il poursuivi, leur « résolution passe par le traitement spécifique des conjoints de militaires », lequel « doit être mené sur le plan interministériel et se traduire par des priorités d’affectation dans la fonction publique ». Or, a déploré le CEMA, ce « n’est pas le cas aujourd’hui ».

Une autre piste avancée par le général Lecointre consisterait à « accepter une sédentarisation relative » des militaires. Et cela, grâce au télétravail.

« On peut imaginer, par exemple, qu’un officier résidant à Bordeaux et affecté à l’état-major à Paris n’y passe que trois jours pour travailler deux jours en télétravail », a avancé le CEMA.

Enfin, une autre idée serait de « régionaliser les carrières ». En clair, a-t-il expliqué, un « sous-officier affecté au 3e Régiment d’infanterie de marine à Vannes pourrait ainsi poursuivre sa carrière à Saint-Cyr Coëtquidan, puis à l’état-major à Rennes, avant de revenir à Vannes ». Selon le général Lecointre, ce travail « est déjà en cours et il devrait permettre de répondre partiellement à la question de la mobilité géographique ».

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