L’armée de Terre fait évoluer le tricorne porté par son personnel féminin

Depuis l’instruction n°10200/DEF/DCCAT/AP/RA du 27 juillet 1990, le personnel féminin de l’armée de Terre doit porter un couvre-chef « réalisé en feutre de poil de lapin bleu foncé », composé d’une « calotte de forme oblongue entourée d’un bord relevé formant tricorne » et percé par « deux fentes horizontales » afin de pouvoir fixer « l’insigne métallique de béret ou de grade pour les officiers généraux féminins ».

Ainsi, à la différence du képi, qui est susceptible de changer d’apparence en fonction de l’arme d’appartenance et du grade de celui qui le porte, le tricorne est le même pour toutes les femmes de l’armée de Terre, qu’elles soient officiers, sous-officiers ou militaires du rang.

En 2019, à Paris, défilant à la tête du 31e Régiment du Génie lors du 14-Juillet, Mme le colonel Catherine Busch fit sensation en portant un képi, rompant alors avec les usages en vigueur. Cette initiative a-t-elle été à l’origine de l’évolution décidée par le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT]?

En effet, lors du prochain défilé sur les Champs-Élysée, le personnel féminin de l’armée de Terre défilera avec un nouveau modèle de tricorne, reprenant les couleurs des képis par armes et arborant éventuellement un galon [comme cela est déjà le cas, selon des modalités différentes, dans la Marine nationale, l’armée de l’Air & de l’Espace ou encore la Gendarmerie nationale].

« Il est également possible de placer la croix de commandement pour les officiers et sous-officiers supérieurs, mais aussi tout autre signe distinctif [grenade, étoile chérifienne…] brodé au centre, rappelant celui des képis », précise l’armée de Terre, qui explique que cette décision a été prise dans le cadre du « plan mixité » mis en oeuvre par le ministère des Armées.

Pour le moment, seul le personnel féminin défilant lors du prochain 14-Juillet pourra porter ces nouveaux tricornes, dont la réalisation a été lancée en avril dernier. Le Service du commissariat des Armées [SCA] n’aura donc pas perdu de temps… Cela étant, une étude est actuellement en cours pour généraliser cette mesure à l’ensemble du personnel féminin d’ici 2022.

Cette question relative à la tenue est loin d’être anecdotique, comme l’a souligné le général François Lecointre, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale en qualité de chef d’état-major des armées [CEMA], le 7 juillet [on aura sans doute l’occasion d’y revenir…].

« L’inconfort de la tenue militaire, qui nous force à nous tenir droits… Il faut faire attention à ne pas être débraillé. Je suis très frappé de voir que, sous la IIIe République, les gens étaient dignes, comme les professeurs des écoles. La tenue n’est pas simplement un uniforme. C’est une tenue qui nous tient. Ne serait-ce qu’en posant la question du vêtement, et en disant que dans les armées, le vêtement a une dimension, en plus de toutes les autres, qui est de tenir l’homme. De le tenir droit », a-t-il expliqué, avant d’enchaîner sur un note plus « sociétale ».

« Je pose donc une question que toute la société doit se poser. Une question que tous les représentants de la Nation se posent évidemment. Une question que tous les gens qui ont un devoir d’exemplarité doivent se poser. Une question que nos professeurs dans les écoles doivent se poser. Je pense que des professeurs qui sont débraillés poussent leurs élèves à être encore plus débraillés », a-t-il conclu.

Photo : armée de Terre

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