La France rendra un hommage officiel au général Charles-Étienne Gudin, mort en Russie en 1812

En août 2019, lors de la Conférence des ambassadeurs, le président Macron avait expliqué qu’il fallait « repenser notre lien avec la Russie » car la « pousser […] loin de l’Europe » serait « une profonde erreur ». Et d’ajouter, en parlant d’un « État profond » susceptible d’être réticent à l’approche qu’il proposait alors : « Il faut stratégiquement explorer les voies d’un tel rapprochement et y poser nos conditions ».

Depuis, et même si, avec le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, M. Macron a récemment dit vouloir relancer un « dialogue exigeant » entre l’Union européenne et la Russie, les relations entre Paris et Moscou n’ont guère avancé dans le sens qu’il avait souhaité il y maintenant deux ans.

Or, un mois avant l’édition 2019 de la Conférence des ambassadeurs, à Smolensk, une équipe franco-russe de chercheurs avait exhumé les restes du général César Charles Étienne Gudin, mortellement blessé lors de la bataille de Valoutina Gora, le 19 août 1812.

Condisciple du futur Napoléon Ier à l’École de Brienne, ce général s’était illustré lors des guerre de la République, du Consulat et de Ier l’Empire, notamment lors des batailles d’Auerstaedt, d’Eylau et de Wagram. Grand Aigle de la Légion d’honneur, le général Gudin avait été décrit par l’Empereur comme étant l’un de ses officiers « les plus distingués de l’armée », qui plus est « recommandable par ses qualités morales autant que par sa bravoure et son intrépidité ». En outre, de par les tactiques qu’il mit au point, il passe aujourd’hui pour avoir été l’un des précurseurs des commandos.

La découverte de la dépouille du général Gudin, dont le nom figure sur l’une des arches de l’Arc de Triomphe, aurait pu servir les relations entre la France et la Russie, que le président Macron cherchait alors à revitaliser. Seulement, l’implication dans cette affaire de Pierre Malinowski, un ancien militaire devenu assistant de Jean-Marie Le Pen au Parlement européen, a sans doute compliqué la donne d’un point de vue politique. C’est, en tout cas, ce qu’a affirmé le quotidien Le Parisien, le 1er juillet dernier.

En effet, le rapatriement de la dépouille du général Gudin a donné matière à polémique. Ainsi, d’après Le Figaro, une cérémonie d’hommage avait un temps été envisagée aux Invalides, en présence du président Macron et de son homologue russe, Vladimir Poutine. Mais les contraintes sanitaires liées à la pandémie de covid-19 furent ensuite évoquées pour justifier l’annulation de cet évènement, qui aurait pu être organisé dans le cadre du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier.

Cependant, dans une question écrite posée par le sénateur Jean-Louis Masson, le ministère des Armées fit savoir, en décembre 2020, qu’une « cérémonie en hommage au général Gudin de la Sablonnière aura lieu en 2021″ mais que les modalités d’organisation de celle-ci [n’étaient pas] pas encore connues ».

On en était là quand il a donc été rapporté par Le Parisien que, finalement, le président Macron refusait de « financer » le rapatriement des restes du général Gulin et « d’organiser ce rapprochement avec la Russie ». Et le quotidien d’ajouter : « Le chef de l’État craint aussi de devoir s’afficher avec un proche du parti de Marine Le Pen ».

Puis, une autre polémique a éclaté. Au sujet, cette fois, de la future sépulture du général Gudin. Maire de Montargis, d’où était originaire l’officier, Benoît Digean [LR] aurait dit, a rapporté Le Parisien : « Nous, on n’en veut pas et on n’a pas les moyens de lui construire un mausolée ». Des propos que l’intéressé a démentis plus tard. « Personne ne nous a demandé de l’accueillir », confiera-t-il au Figaro. Et d’ajouter : « Tout cela ressemble à une affaire à la Tintin. Je suis un admirateur de Napoléon, mais ne cédons pas aux manipulations du Kremlin ».

Quoi qu’il en soit, la dépouille du général Gulin sera donc rapatriée à bord d’un Airbus A320, loué par Pierre Malinowski, grâce à l’intermédiaire de l’oligarque russe Andrey Kozystin. « J’ai dû trouver une parade juridique, comme c’est une trouvaille archéologique, il fallait que la France fasse une demande officielle. Puisqu’elle ne l’a pas fait, on a formulé une demande via ses descendants. C’est donc comme si on rapatriait un membre de la famille », a-t-il expliqué.

Finalement, le ministère des Armées a confirmé, le 9 juillet au soir, qu’un hommage officiel sera rendu au général Gudin.

« Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, assistera à la cérémonie d’accueil des restes de la dépouille du Général Gudin, le 13 juillet prochain au Bourget », a-t-il en effet annoncé. Au programme? « Revue des troupes, accueil du cercueil, moment de recueillement, sonnerie « Aux morts », minute de silence, Marseillaise, départ de la dépouille ».

Reste maintenant à voir quelle sera la dernière demeure du général Gudin, le communiqué du ministère des Armées n’ayant rien dit à ce sujet. Selon la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, présidente d’honneur de l’association « Paris Napoléon 2021 », l’officier devrait être inhumé aux Invalides, le 2 décembre prochain. Soit le jour anniversaire de la bataille d’Austerlitz et du sacre de Napoléon Ier.

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