Les forces britanniques et russes se jaugent en Méditerranée orientale

Le 28 juin, soit quelques jours après l’incident ayant impliqué le « destroyer » britannique HMS Defender et les forces navales russes aux abords de la Crimée, les États-Unis et l’Ukraine ont donné le coup d’envoi des manoeuvres Sea Breeze 2021, en mer Noire.

Ces manoeuvres vont mobiliser, jusqu’au 10 juillet, pas moins de 32 navires, 40 aéronefs et 5’000 militaires venus de plus de 30 pays, dont ceux de l’Otan. Ce qui, pour l’US Navy, « reflète un engagement commun à garantir le libre accès aux eaux internationales ».

« Ces exercices […] se dérouleront dans la partie nord-ouest de la mer Noire, dans trois régions d’Ukraine. Ils sont destinés à maintenir la paix et la stabilité dans notre région », a expliqué l’amiral Oleksiy Neizhpapa, le chef d’état-major de la marine ukrainienne.

De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a précisé que l’objectif de Sea Breeze 2021 vise à conduire une « opération de sécurité maritime internationale dans une région en crise, selon les normes de l’Otan ».

Évidemment, la Russie voit ces manoeuvres d’un très mauvais oeil. Dénonçant leur « ampleur » et leur « agressivité », Moscou les a qualifiées de « provocation ». En réponse, a indiqué l’agence Interfax, elle a lancé un exercice visant à « tester l’état de préparation » de ses « systèmes de défense aérienne en Crimée », principalement constitués de batteries S-400 « Triumph » et Pantsir. En outre, la Flotte russe de la mer Noire a déployé une vingtaine d’aéronefs, dont des bombadiers tactiques Su-24 « Fencer » et des hélicoptères.

« La Flotte de la mer Noire fait un certain nombre de choses pour surveiller les actions des navires de l’Otan et de ceux d’autres pays participant à Sea Breeze 2021 », a fait valoir le ministère russe de la Défense, cité par Interfax.

Cela étant, et dans le même temps, les forces russes ont lancé un important exercice anti-navire en Méditerranée orientale, où se trouve actuellement le Carrier Strike Group 21 [CSG21], c’est à dire le groupe aéronaval formé autour du porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth.

Le 25 juin, on apprenait que deux MiG-31K, capables d’emporter le missile hypersonique Kh-47М2, venaient de se poser en Syrie, plus précisément à Hmeimim, où les forces russes disposent d’une base aérienne. Ils ont rejoint au moins trois bombardiers Tu-22M3, portentiellement armés de missiles antinavire Kh-22 et/ou Kh-32. Des avions de lutte anti-sous-marine Tu-142MK et Il-38 ont également été envoyés dans la région, de même qu’un appareil de détection et de commandement aéroporté A-50 « Mainstay ». Des chasseurs Su-35 « Flanker-E » ainsi que des bombardiers tactiques Su-34 « Fullback » sont aussi de la partie.

En outre, la Flotte de la mer Noire a envoyé plusieurs bâtiments en Méditerranée orientale, dont le croiseur lance-missiles Moskva ainsi que les frégates Amiral Essen et Amiral Makarov. Les sous-marins Stary Oskol et Rostov-on-Don [classe Kilo, ndlr] complètent ce dispositif.

Tous ces moyens sont engagés dans un vaste « entraînement au combat », lequel vise à assurer « la sécurité de la base aérienne de Hmeimim » ainsi que celle de Tartous, utilisée par la marine russe. Et Moscou précise par ailleurs qu’il s’agit aussi de « tester » les équipements aéronautiques dans « des conditions climatiques difficiles, notamment celles causées par l’exposition à des températures élevées et les longs vols au-dessus de la mer ».

À noter que la dérive des MiG-31K est floutée dans certaines vidéos publiées par le ministère russe de la Défense à l’occasion de cet exercice… Et qu’elle ne l’est pas dans d’autres.

Cela étant, cet exercice coïncide donc avec la présence du groupe aéronaval britannique dans la région, lequel mène des missions au profit de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Pour cela, il dispose de 18 avions de combat F-35B STOVL [décollage court/atterrissage vertical], dont 8 appartenant au No 617 Squadron de la Royal Air Force [RAF] et 10 au Marine Fighter Attack Squadron 211 [US Marine Corps].

Le déploiement du HMS Queen Elizabeth en Méditerranée est le troisième enjeu de l’exercice lancé par les forces russes… En effet, ces dernières ne cachent pas que l’un des objectifs est de « surveiller les actions » du groupe aéronaval britannique.

Et ce dernier surveille aussi les activités russes… En témoignent les captures d’écran réalisées à partir des vidéos du ministère russe de la Défense et publiées via la messagerie Telegram [et reprises sur Twitter]. On peut en effet y voir un F-35B survoler au loin la frégate Amiral Makarov [du moins, c’est ce qu’affirme la légende]. Appartenant à la classe « Amiral Grigorovich », ce navire est doté du radar aérien « Fregat M2M » et dispose de 24 missiles surface-air « Buk » 9M317M.

Il n’est cependant pas possible de déterminer s’il s’agit un avion de la Royal Air Force ou de l’US Marine Corps.

La semaine passée, et alors que les F-35B du porte-avions britannique venaient d’effectuer leurs premières missions de combat au Levant, la Royal Navy avait expliqué que le CSG21 était surveillé par une frégate et des avions russes.

« C’est le jeu du chat et de la souris. Et c’était ce à quoi nous nous attendions. C’est la première fois que l’on met des F-35 sur un porte-avions en Méditerranée orientale. Alors, bien sûr, les Russes veulent voir à quoi ça ressemble et comment nous agissons, de la même manière que je veux savoir comment ils fonctionnent », avait en effet affirmé le capitaine de vaisseau James Blackmore, le chef du groupe aérien embarqué du HMS Queen Elizabeth.

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